En réfléchissant un peu plus à ce qui s’est dit dans la presse sur le débat entre François Hollande et Nicolas Sarkozy. Je pense qu’un facteur très important dans la perception finale des deux candidats a été la mauvaise gestion du camp Sarkozy des attentes du public vis-à-vis du débat. Nicolas Sarkozy est arrivé au débat précédé d’une réputation d’excellent bretteur. François Hollande, lui, partait avec une étiquette d’outsider, ironiquement renforcée par les attaques de la droite. Et ce fut bien là le problème pour Nicolas Sarkozy. Lorsqu’une équipe de division 2 affronte une équipe de division 1, tout le monde a envie de la voir accomplir l’exploit. Et lorsqu’elle obtient un score nul, dans l’esprit du public c’est une victoire morale.
C’est ce qui est arrivé à Nicolas Sarkozy. Grand favori du débat, le public s’attendait à ce qu’il remporte une victoire nette et sans bavure. Ce ne fut pas le cas. Rétrospectivement, son camp aurait plutôt dû essayer de diminuer les attentes vis-à-vis de sa prestation avant le débat au lieu de les augmenter en demandant trois débats.
Steve Jobs a également dû affronter ce problème, surtout lors de sa fin de carrière. À chaque nouvelle présentation, les attentes du public, renforcées par les rumeurs et le mystère autour des annonces, augmentaient dans des proportions parfois ridicules (n’oublions pas qu’au bout du compte, il ne s’agissait que d’un téléphone ou d’une tablette servant à regarder des films, les membres du fan club Apple peuvent commencer à me taper dessus). Pour diminuer les attentes du public, et ainsi éviter de le décevoir le jour J, Apple a commencé à communiquer à l’avance ce à quoi le public pouvait s’attendre. Cela a peut-être diminué l’effet de surprise, mais cela a surtout permis d’éviter de décevoir le public.