Qui ne s’est jamais dit « si j’achète ce trucmuche, ça va me permettre de faire du sport | dessiner | faire la cuisine | etc. » ? Un mois plus tard, et un déballage fébrile après, le trucmuche prend la poussière et encombre le fond d’un placard pour ne plus jamais revoir la lumière du jour.
Le problème ? Le marketing passe son temps à me « survendre » les bénéfices du trucmuche, me donnant l’impression qu’il va changer ma vie, la rendre meilleure sans devoir faire d’effort. Mais une fois le précieux trucmuche acheté, la réalité me revient en plein dans la tronche comme une facture Apple : ce n’est pas parce que je n’avais pas le super trucmuche que je ne faisais pas de sport / cuisine / … C’était tout simplement parce que je n’en avais pas le temps, l’énergie, et surtout la motivation.
Alors, comment savoir si le trucmuche que je veux acheter sera un énième gadget qui prendra la poussière, ou au contraire sera le Graal qui changera ma vie ? Heureusement, j’ai plusieurs tactiques pour le savoir.
La première méthode, et à mon avis la plus efficace, consiste à me forcer à pratiquer au moins 21 jours ce que je veux faire, mais sans le trucmuche. Aller courir 21 jours avant d’acheter la super-montre qui calcule le rythme cardiaque, la distance et tweete ma performance en direct. Faire 21 recettes sans robot cuisine super magique. Faire 21 dessins avant d’acheter une tablette graphique. Si après les 21 jours j’ai encore envie de pratiquer, alors le trucmuche me sera peut-être utile.
La deuxième méthode consiste à quantifier le bénéfice réel non pas par rapport à une activité que je ne pratique pas, mais par rapport à une activité que je pratique déjà. Si je vois une pub pour le bracelet qui suit l’activité physique, je m’imagine inconsciemment un bénéfice énorme, celui de passer de l’état de pro du canapé à celui de sportif accompli, et ce sans effort ; trop trop génial. Mais ce bénéfice est une pure illusion marketing. La réalité est que je vais passer de l’état de pro du canapé à pro du canapé avec un bracelet qui suit l’activité physique, possède quelques centaines d’Euros de moins en poche et culpabilise encore plus de ne pas faire de sport. Au lieu de cela, je m’imagine en tant que sportif déjà actif, et j’évalue le bénéfice apporté par le bracelet de suivi de l’activité. Et là, je me rends compte que le bénéfice est pratiquement inexistant, car si je fais déjà du sport le bracelet ne sert à (presque) rien ! Et hop, un trucmuche inutile évité.
La troisième méthode est de ne jamais acheter tout de suite le trucmuche, mais d’attendre au moins un mois. Si après un mois je n’ai pas réellement un manque sans le trucmuche, alors je ne l’achète pas.
Enfin j’évalue les inconvénients du trucmuche, surtout en termes de temps perdu. Par exemple, je me suis longtemps acharné à vouloir utiliser les solutions de synchronisation des données entre smartphone et ordinateur. Puis un jour je me suis rendu compte qu’au final cela me faisait simplement perdre du temps à résoudre des petits problèmes techniques, même insignifiants. Depuis je ne synchronise plus que le strict minimum, à savoir mon calendrier et mes contacts.
Dans notre monde d’abondance, l’objectif du marketing est de nous faire croire que l’on peut résoudre tous nos problèmes en achetant des trucmuches, alors que c’est souvent l’inverse : non seulement le trucmuche s’avère peu utile, mais en plus il nous fait perdre de la place, de l’argent, de l’énergie et du temps, exactement l’inverse de l’objectif recherché !