Pierre Morsa

ce bon vieux blog

Réflexions de comptoir

Pourquoi le Cloud Souverain ne peut pas être compétitif

Parce que ce concept repose sur une vision étriquée et périmée du monde. Le Cloud Souverain, c’est un Clexit, l’équivalent du Brexit, mais pour le Cloud, et en plus ça sonne moins bien.

En s’isolant, le Cloud Souverain se protège de toute pression extérieure puisque la réglementation le met en situation de monopole pour ses clients. Les conséquences d’une telle situation sont faciles à prévoir :

  • Ergonomie utilisateur déficiente, car les utilisateurs sont captifs. Pourquoi se fatiguer à leur offrir une bonne expérience ?
  • Sous-dimensionnement et par conséquence performances médiocres du système par rapport aux autres solutions, car de taille trop faible.
  • Manque de savoir-faire technologique.
  • Manque de réactivité et d’évolutions par rapport aux autres acteurs du marché, rendant la solution rapidement dépassée.
  • Tarifs (très) élevés par rapport à la concurrence.

Ce ne sont que quelques exemples des problèmes du Cloud Souverain. Je ne vais même pas aborder la question de la façon dont ces projets sont menés et de la méthode du choix des prestataires ; cela fait trop longtemps que j’ai quitté ce milieu pour avoir un avis pertinent et aujourd’hui j’ose imaginer que tout ça est parfaitement géré.

Je comprends parfaitement les enjeux stratégiques qui poussent à garder certaines données sur le territoire français. Il ne faut juste pas s’attendre à avoir une solution compétitive économiquement et techniquement face à l’offre internationale.

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Un nouvel album de Goldorak va sortir et personne ne me dit rien

C’est LA nouvelle du siècle : une nouvelle BD de Goldorak va sortir, et personne ne m’a prévenu. Mais que fait notre gouvernement ???

À priori elle sera disponible le 15 octobre, et sur la couverture il y a les noms d’auteurs bien connus des fans de BD. Actarus a troqué son éternel pull jaune et son gilet de cowboy pour une blouse en cuir et il s’est laissé pousser la barbe. Il se déplace peut-être en vélo, mange bio et poste des selfies sur Instagram. Goldorak a pris un peu de poids à force de ne plus rien faire. Il est temps de repartir au combat !

Et ça tombe bien, d’après le texte de quatrième de couverture, un Golgoth de la dernière Divison Ruine surgit de nulle part. Pour rappel, la Division Ruine c’est ceux qui sont tellement forts qu’il faut parfois deux épisodes au lieu d’un à Goldorak pour gagner. Ça va saigner.

Alors voilà, le 15 octobre, ne me faites pas chier. Je ne suis pas disponible, je passe dans un tunnel.

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De la répartition du temps de pratique

Aujourd’hui, je ne vais pas encore donner mon avis sur un sujet que je ne connais pas. Ce qui m’interpelle c’est une question que je me pose.

Je suis certain que le travail régulier l’emporte, de très loin, sur le travail de dernière minute. L’exemple le plus flagrant est la musique : impossible d’apprendre un morceau correctement en s’y prenant la veille. Je suis même plutôt « lent » : si je peux apprendre un morceau en un temps raisonnable, il me faut souvent plusieurs mois avant d’être complètement à l’aise lorsque je le joue.

Mais ce qui m’interpelle, c’est ce que j’ai lu récemment sur un forum. Une personne a expliqué qu’il était beaucoup plus efficace de s’entraîner à jouer de la guitare cinq heures par jour pendant un an que de passer une heure par jour pendant cinq ans.

Je n’ai pas de test scientifique pour juger si c’est vraiment mieux, mais intuitivement je pense qu’il y a du vrai. En effet, sur une session d’une heure, il me faut au moins vingt à trente minutes pour simplement m’échauffer. Cela ne laisse que trente minutes pour travailler des points précis, ce qui est finalement très très peu, et, de ma maigre expérience personnelle, bien insuffisant pour réellement progresser. Ce n’est qu’en faisant des sessions plus longues que je ressens un réel progrès.

Alors je ne peux pas jouer cinq heures de guitare tous les jours car je n’en ai pas le temps. Mais… jouer régulièrement ET jouer plusieurs heures certains jours, ça, c’est possible, et c’est ce que je vais essayer de faire. Je verrai bien si cela est bénéfique ou non.

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Protonmail a donné les adresses IP et c’est normal

Vous avez peut-être appris que Protonmail a donné les adresses IP de certains utilisateurs aux autorités françaises, et ce à leur demande. On peut crier au scandale, mais Protonmail ne peut rien faire : la demande ayant été faite en bonne et due forme aux autorités suisses, la société a été obligée de s’y conformer.

L’erreur de Protonmail a été de dire qu’ils ne conservent pas l’historique des connexions des utilisateurs. C’est peut-être vrai la plupart du temps (je n’en sais rien), mais une fois une demande officielle faite, ils sont bien obligés de le faire, comme toute autre société. L’erreur des utilisateurs a été de croire que le chiffrement les protégeait. Pas besoin du contenu des messages, les métadonnées sont suffisantes pour identifier une personne.

La leçon à retenir est qu’aujourd’hui, contrairement à ce que certains veulent nous faire croire, l’anonymat n’existe pas sur Internet, uniquement le pseudonymat. Si vous pouvez vous cacher un temps, une fois marqué comme cible à identifier, les autorités finiront toujours par vous trouver, que vous utilisiez une messagerie chiffrée, un VPN, Tor ou n’importe quel autre système. La seule chose qui change, ce sont les moyens employés et le temps nécessaire pour vous identifier.

Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Il n’y a pas de réponse simple à cette question. Tout dépendra des motivations du gouvernement qui vous identifiera. S’il était impossible d’identifier les personnes, le crime s’approprierait totalement Internet. D’un autre côté, s’il était impossible de masquer son identité, il serait impossible pour les lanceurs d’alerte de faire leur travail ou pour les dissidents politiques de communiquer.

Mais si vous croyez être anonyme sur Internet, ne vous faites pas d’illusions : vous ne l’êtes pas.

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Overengineered : la limite de l’approche d’Apple

Apple est la société qui produit les gadgets high-tech avec la meilleure qualité globale. On peut en débattre pendant des heures, on peut pointer du doigt leurs quelques fiascos industriels comme le clavier papillon, le fait est qu’ils sont la référence de toute l’industrie high-tech en termes de qualité.

Tim Cook résumait bien la philosophie d’Apple lorsqu’il disait « Apple ne sait pas faire de produits bas de gamme ». Chaque produit est conçu en portant attention aux moindres détails.

De manière générale, je pense que cette approche leur réussit particulièrement bien. Il suffit de voir leurs bénéfices. Pourtant, il y a un domaine où cette approche se retourne contre eux : celle des machines « pro », en particulier le Mac Pro. Et pour cela, je vais prendre trois exemples : les serveurs XServe, le Mac Pro cylindre et le Mac Pro actuel.

Les serveurs XServe étaient les plus beaux. Malheureusement, ils n’étaient pas particulièrement compétitifs en termes de coût et leur design ne répondait pas nécessairement à la demande du marché.

Le Mac Pro cylindrique, lui, était une sorte d’héritier du Cube, mais rond. La machine était tellement optimisée et intégrée qu’Apple ne l’a presque pas fait évoluer, à l’opposé de ce que recherchent les pros.

Enfin, le Mac Pro actuel est une belle machine (enfin, moi je le trouve très moche, mais c’est une question de goût), mais encore une fois, était-ce vraiment nécessaire de passer autant de temps à concevoir l’intérieur le plus beau possible ? Je ne crois pas. À mon avis, les pros auraient préféré une machine peut-être au design un peu moins léché mais capable d’évoluer plus rapidement.

Derrière la simplicité apparente peut se cacher une grande complexité de conception, et c’est le petit travers dans lequel Apple ne peut s’empêcher de tomber pour ses machines « pro ». Parfois, un avoir un truc un peu plus bordélique en apparence avec quelques fils qui dépassent c’est bien plus simple que de vouloir tout optimiser.

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