Pierre Morsa

ce bon vieux blog

Réflexions de comptoir

Équité musicale

Il y a vingt ans, c’était très difficile de savoir quels morceaux de musique étaient réellement écoutés. On pouvait utiliser les sondages de taux d’écoute des radios, le volume de vente des disques, mais cela restait imparfait. Aujourd’hui, avec le développement de l’écoute de la musique en ligne, il est parfaitement possible pour la SACEM et Copie France d’avoir des statistiques précises sur le volume d’écoute des artistes, et donc de redistribuer l’argent collecté de manière équitable, en fonction du taux d’écoute réel.

La question est : pourquoi continuer d’utiliser un mode de redistribution opaque ? Ne serait-il pas plus simple et plus juste d’utiliser une redistribution au prorata, équitable pour le plus grand nombre ? Un tel système automatisé serait également bien plus efficace, et permettrait de réduire drastiquement le coût de fonctionnement de ces institutions, ce qui laisserait plus d’argent aux artistes.

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Non, l’extrême droite n’a pas disparu

Il suffit d’une élection en demi-teinte pour l’extrême droite pour entendre les commentateurs expliquer que les électeurs se sont détournés de ses idées. Malheureusement ce n’est pas le cas. D’une part, ces élections ne sont pas représentatives, en particulier parce que les électeurs du Front National ne se sont pas mobilisés. D’autre part, l’extrême droite a prouvé une chose : ses idées sont bien ancrées et elle est très résistante.

Le paysage politique actuel reste très fragile. Le moindre faux pas, la moindre opportunité et le Front National sera là pour en profiter.

La menace reste bien réelle. Il ne faut pas baisser la garde. Ni aujourd’hui, ni demain, ni jamais.

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Asimov a encore tout faux

La semaine dernière, je disais qu’Asimov a tout faux. Malheureusement, je dois en repasser une couche : Asimov a encore tout faux. La source de mon ire cette semaine ? La maxime que répète à tout bout de champ son personnage Salvor Hardin :

La violence est le dernier refuge de l’incompétence.

D’un côté, il a raison. Il suffit de regarder les abrutis qui ont envahi le Capitole : une violence gratuite qui ne peut masquer le manque total d’intelligence de leurs actions. Dans la cour d’école, c’est le gros con qui passe son temps à frapper les personnes plus faibles que lui. En entreprise, c’est le supérieur incompétent qui gueule sur ses subalternes.

D’un autre côté, là où je ne suis pas d’accord, c’est que cette formulation (et la façon dont l’histoire se déroule dans son livre) laisse à croire que la violence n’est utilisée que par les personnes incompétentes. Or ce n’est pas vrai. La violence, bien que toujours répréhensible, peut être utilisée efficacement par des personnes compétentes qui n’ont aucun remords par rapport aux conséquences de leurs actions. Les États-Unis l’ont bien compris ; la diplomatie par les armes est un pan entier de leur doctrine. Seul, cela ne fonctionnerait pas, la suprématie militaire des États-Unis repose entièrement sur leur compétence à développer et maintenir leur suprématie économique.

Dans le livre d’Asimov, Salvor Hardin parvient à ses fins sans utiliser la violence, car effectivement son ennemi est incompétent. Mais aurait-il gagné contre un ennemi compétent utilisant la violence ? Je ne le crois pas.

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Asimov a tout faux

J’adore Isaac Asimov, c’est probablement un de mes 10 auteurs préférés (et oui, pour les mauvaises langues, j’ai déjà lu les livres de plus de 10 auteurs). Mais comme beaucoup d’écrivains essayant de décrire un monde imaginaire, il a tout faux. Quand je dis qu’il a tout faux, je parle de ses lois de la robotique. Sans rentrer dans le détail, les trois lois sont, dixit Wikipedia :

  1. Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger ;
  2. Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres entrent en contradiction avec la première loi ;
  3. Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n’entre pas en contradiction avec la première ou la deuxième loi.

Dans son univers, il était très difficile, voire impossible, de créer un cerveau de robot qui ne respectait pas ces trois lois. Malheureusement dans notre monde, le monde réel, c’est très simple de coder des robots qui n’obéissent pas à ces trois lois, et c’est déjà le cas. Il suffit de voir le développement des drones, des missiles « intelligents » et autres engins de guerre plus ou moins autonomes. Développés et vendus au nom d’un monde meilleur, les lois de la robotique ont autant d’emprise sur ces machines que la justice sur un Balkany.

J’aimerais vous dire qu’Asimov avait raison, que ses trois lois de la robotique allaient diriger les robots modernes. Mais malheureusement, au final, ces trois lois sont incompatibles avec d’autres lois, plus fondamentales : celles qui régissent la nature humaine.

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Les tâches urgentecritiquebloquantes

« C’est urgent ! critique ! bloquant ! »

Combien de fois avez-vous entendu ces mots sur un projet ? Sous pression, les équipes se dépêchent de réaliser la tâche urgente critique bloquante. Une fois la tâche terminée, elles peuvent un peu souffler. Eh bien non, car une fois terminée, une autre tâche urgente critique bloquante apparaît. Sur certains projets, les tâches urgentecritiquebloquantes ne sont pas l’exception, elles sont la norme. Elles sont érigées en piliers de la religion de l’urgence et du vite fait (mal fait).

S’ensuit une course effrénée et permanente qui finit par épuiser les équipes les plus endurantes et les personnes de bonne volonté. Pourtant, il y a une chose toute simple que l’on ne fait jamais sur ces projets : prendre le temps de regarder en arrière pour vérifier si c’était vraiment urgentcritiquebloquant. Malheur à celui qui ose relever la tête du guidon pour regarder d’où il vient et où il va. Il est tout de suite traité de fainéant.

Si jamais vous êtes confrontés à ce genre de situation, c’est pourtant la meilleure chose à faire : après un mois, après un an, reprenez les tâches qui étaient urgentecritiquebloquantes. Vous vous rendrez compte qu’il y en avait finalement bien peu qui l’étaient réellement, et pour beaucoup le résultat aurait été bien meilleur s’il avait été réalisé avec un peu plus de réflexion et de jugeote. Peut-être vous rendrez compte, aussi, que la personne qui se plaignait le plus est celle dont les tâches sont le plus en retard.

Bien sûr, il ne faut pas tomber dans le travers inverse, où l’on passe des mois à faire de la masturbation intellectuelle sans jamais rien réaliser. Mais entre les deux, il existe de bien meilleurs moyens de réaliser des projets.

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