Pierre Morsa

ce bon vieux blog

Réflexions de comptoir

Télétravailpocalypse Now (partie I)

2020, jungle de Créteil, quelque part entre un Starbucks et le kebab du coin. On vient de vous parachuter du jour au lendemain en plein télétravail. Loin du bruit rassurant de la machine à café et des cris du patron, vous vous retrouvez livré à vous-même, face à l’inconnu, aux cannibales affamés et à ce putain de fil Facebook où les gens n’arrêtent pas de poster des trucs. Vous vous rappelez votre entraînement en école de survie commerce. Vous croyiez que boire des mètres de bière en soirée étudiante vous avait préparé à tout affronter. Mais là, c’est la réalité du terrain : rien, rien, rien ne vous avait préparé à affronter le télétravail. C’est la merde.

Un livre vous revient en mémoire. L’art de la guerre. Vous vous rappelez l’avoir acheté pour faire bien dans votre bibliothèque, mais vous l’aviez juste rapidement feuilleté. Vous vous souvenez vaguement d’une citation du style « pour vaincre un ennemi, il faut le battre », ou un truc du genre. Ouais, mais bon, Sun Tzu il avait le bon rôle, tout ce qu’il avait à faire c’était tuer des gens, et en plus il avait une armée pour le faire à sa place. Sun Tzu, s’il avait dû faire une réunion Skype efficace, il aurait moins fait le malin, c’est sûr. La situation semble désespérée, et vous vous mettez à pleurer après avoir repris une gorgée de café. C’est la merde.

C’est alors que vous avez un flashback. Vous repensez à Roger/Cindy (choisir selon vos préférences) en train d’imprimer un document sur la grosse Xerox du bureau. Vous ne saviez pas comment l’aborder, et là le miracle tant attendu s’était produit : un bourrage papier. Tel un de ces héros avec les costumes ridicules, votre intervention l’avait sauvé(e) in extremis d’un appel au support informatique. Le souvenir de l’odeur du toner et de la chaleur des feuilles fraîchement chauffées par l’imprimante vous redonnent le moral. Non, vous n’allez pas vous laisser faire. Vous n’avez pas le droit d’échouer. Vous allez vous battre. Vous allez MAÎTRISER CE PUTAIN DE TÉLÉTRAVAIL.

Réunissant toutes vos forces, vous vous remémorez les conseils de votre sensei. « Si de la maison travailler tu dois, un endroit approprié tu construiras. » Putain, il était trop fort ce sensei, et en même temps, il n’a jamais été foutu de parler français correctement. Mais il avait raison. La première chose à faire, lorsqu’on travaille de la maison, c’est de se faire un lieu de travail dédié. C’est évidemment plus facile lorsqu’on a une pièce à y consacrer, mais si ce n’est pas le cas, ce n’est pas grave ; il faut se trouver un petit coin, un bout de table, un endroit qui sera exclusivement réservé au travail. Il existe des bureaux pliants qui se rangent complètement une fois le travail terminé.

Bureau Pliant

Si vous manquez vraiment de place, le mieux est de vous fabriquer un mini-bureau dans une boîte (car vous aimez votre boîte, ha ha) que vous dépliez pour travailler puis que vous rangez lorsque vous avez fini votre journée de travail. Si vous êtes dans un environnement bruyant, utilisez un casque, même sans musique, le mieux étant dans ce cas d’utiliser un de ces casques à réduction de bruit active. L’objectif est de pouvoir créer un lieu où l’on se met automatiquement en état d’esprit « travail » et de pouvoir faire disparaître ce lieu lorsqu’on ne travaille pas pour éviter qu’il ne pollue votre vie privée. À vous de trouver la solution qui vous convient.

Suite au prochain épisode : t’es un killer Berthier.

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Women : une série de kakemonos célébrant les femmes qui changent le monde

Il y a quelques temps j’ai réalisé cette série de kakemonos sur les femmes qui ont changé le monde. Chaque image est libre de droits et je mets les versions haute résolution à disposition. Vous pouvez les utiliser comme vous voulez.

Le format d’impression recommandé est de 80 cm x 200 cm, l’espace colorimétrique pour impression est FOGRA 39 et chaque image inclut un fond perdu d'1 mm sur chaque côté.

Vous pouvez les télécharger en cliquant sur ce lien.

Marie Curie: Dans La Vie Rien N’est À Craindre, Tout Est À Comprendre.

Marie Curie

Marguerite Duras: La Passion Reste En Suspens Dans Le Monde, Prête À Traverser Les Gens Qui Veulent Bien Se Laisser Traverser Par Elle.

Marguerite Duras

Amelia Earhart: Adventure Is Worthwile In Itself.

Amelia Earhart

Katherine Johnson: Everything Was So New. The Whole Idea Of Going Into Space Was New And Daring. There Were No Textbooks, So We Had To Write Them.

Katherine Johnson

Hedy Lamarr: All Creative People Want To Do The Unexpected.

Hedy Lamarr

Michelle Obama: Success Isn’t About How Much Money You Make, It’s About The Difference You Make In People’s Lives.

Michelle Obama

Gertrude Stein: One Must Dare To Be Happy

Gertrude Stein

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Macry McMacroface

On me demande souvent à quoi sert Keyboard Maestro, ce programme qui permet de créer des macros, des séries d’actions automatisées sur Mac. Ma réponse est toujours la même : à plein de choses. Des choses utiles, et des choses indispensablement utiles. Aujourd’hui, je vous présente ma macro la plus importante, mon chef d’œuvre : Macry McMacroface.

Que fait-elle ? Vous tapez un mot dans TextEdit ou dans Mail. Ensuite vous déclenchez la macro en appuyant sur ctrl-espace. Et là, le mot va automatiquement être remplacé par son équivalent « moty mcmotface ». Par exemple, vous tapez toto dans TextEdit, vous appuyez sur ctrl-espace, et « toto » devient « toty mctotoface ». Magie de l’informatique. Puissance du Cloud. Intelligence de l’intelligence artificielle. Blockchain (et là j’ai dit Blockchain, pas besoin d’en rajouter, tout le monde a compris que c’était innovant).

Vous pouvez télécharger la macro en cliquant sur ce lien. Pour l’utiliser il faut avoir l’application Keyboard Maestro.

Je crois n’avoir jamais créé une macro plus utile que celle-ci. Par exemple, je m’en sers tout le temps lorsque je nomme mes calques dans Affinity Designer. Plutôt que d’avoir un calque nommé bêtement « logo », par l’appui sur ctrl-espace, celui-ci devient le merveilleux calque « logy mclogoface ».

Pour le futur, je développe une macro qui remplace toutes les voyelles par des o pour apprendre à parler Ch’ti. Pour l’instant je suis bloqué, car j’ai testé avec « toto », mais le mot n’a pas l’air de changer.

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Le système ABC de gestion des tâches

Vous connaissez peut-être déjà le système de Benjamin Franklin qui consiste à classer les tâches en important/pas important et urgent/pas urgent. C’est bien, mais dans la réalité on se retrouve souvent coincé à ne faire que ce qui est urgent, que cela soit important ou non. Pour remédier à cela, il existe le système ABC. Je l’utilise mais sous une version différente de la version standard. Ma version est la suivante :

  • A est une tâche importante sur un projet à long terme. J’en ai une et une seule par jour.
  • B sont des tâches importantes et urgentes.
  • C sont les autres tâches disponibles.

Dans le système ABC standard, la tâche A est une tâche importante et urgente. Cependant, cela pose un problème. La nature humaine étant ce qu’elle est, cela signifie que les projets importants mais non urgents, les projets à long terme, sont toujours remis au lendemain et n’avancent jamais. C’est pourquoi je choisis ma tâche A comme étant une tâche importante à long terme.

Je commence la journée de travail par la tâche A, avant tout autre chose, avant de faire la revue journalière, avant de regarder mes emails. Je sais déjà quelle est cette tâche, car je l’ai identifiée la veille. Je la réalise tôt, avant que la journée de travail normale ne démarre. J’alloue un temps maximum à passer sur cette tâche. Puisque ce n’est pas urgent, je n’ai en effet pas besoin de terminer cette tâche, ce qui est important c’est de travailler dessus régulièrement.

Ensuite, je fais une pause et j’ouvre la journée. Je fais la revue journalière des tâches. Je réponds aux emails, etc. J’en profite également pour identifier une à deux tâches B sur lesquelles je vais travailler juste après. Ces tâches B sont urgentes et importantes. Ce sont typiquement les tâches à réaliser pour mes clients. Puis je fais les tâches B, jusqu’à ce qu’elles soient terminées ou jusqu’à ce qu’il ne reste plus de temps.

Finalement, s’il me reste du temps, je fais les tâches C, des tâches à faire mais pas en priorité, par exemple vérifier les comptes, envoyer les factures, etc.

Ce système ne fonctionne que si on commence sa journée tôt ; en effet, la tâche A ne peut être faite sereinement qu’en dehors de toute interruption, ce qui n’est possible qu’en dehors des heures de bureau normales. Dès que l’on commence à recevoir des appels téléphoniques ou des messages sur Slack, notre attention nous tourne automatiquement vers ce qui est urgent et nous pousse à abandonner la tâche A. Il est aussi beaucoup plus facile à mettre en place lorsqu’on peut réserver des blocs de temps pour les tâches B sans interruption.

Pour finir, il faut rester flexible. En cas de pic de tâches B, les tâches importantes et urgentes, il ne faut pas hésiter à laisser tomber la tâche A et à faire les tâches B en priorité. Cependant, cela doit rester exceptionnel, si cette situation se répète trop souvent, cela signifie qu’il y a un problème de fond à régler.

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Le cynisme totalitaire du gouvernement face à l’affaire Griveaux

Je ne vais pas commenter l’actualité sur l’affaire Griveaux. D’une part parce que quoi que je dise, ce sera mal interprété, d’autre part parce que je m’en tamponne le coquillard, et aussi parce que le monde entier se fiche de mon avis. Mais voilà, il y a quelque chose qui me dérange sur ce qui se passe en coulisses.

Tout d’abord, un peu de réalisme. Le dévoilement de la vie privée a depuis toujours été utilisé comme arme politique pour affaiblir la position de ses adversaires… Imaginer que cela ne puisse pas être utilisé comme arme contre vous, c’est faire preuve d’une grande naïveté pour quelqu’un qui fait de la politique. Griveaux n’est qu’un épisode sordide de plus dans le paysage pas bien reluisant de ce milieu qui se veut défenseur de l’ordre et de la morale.

Le premier truc qui me choque, c’est l’abîme qui sépare le citoyen ordinaire de l’homme politique. Je ressens un profond malaise lorsque je vois toute la classe politique se mobiliser uniquement parce que les faits touchent l’un des leurs. Et puis il y a le deuxième truc. C’est le cynisme inouï dont fait preuve le gouvernement en n’hésitant pas un seul instant à instrumentaliser ce scandale pour servir ses intérêts. Voici donc un petit exposé de comment on transforme des faits en « éléments de langage, » ces messages si chers à nos personnalités politiques pour manipuler l’opinion publique.

Anonymat :

  • Message politique : l’anonymat sur internet est le problème. Il faut voter pour la loi Avia, supprimer le chiffrement de bout en bout et renforcer la surveillance !
  • Réalité : on sait, depuis le début, qui a posté le contenu et comment il l’a obtenu. L’anonymat n’est absolument pas le problème. En fait, si Griveaux avait eu un sou de jugeote il se serait arrangé pour rester anonyme, et on n’aurait pas su que c’était son zob. Je répète parce que c’est vraiment important : un zob anonyme ne peut porter préjudice à son propriétaire. Grigri, il aurait été protégé s’il était resté anonyme.
  • Raison cachée : ça fait longtemps que les gouvernements souhaitent détruire l’anonymat pour pouvoir suivre à la trace les individus sur internet, exactement l’opposé de la protection de la vie privée.

Vie privée :

  • Message politique : le respect de la vie privée est primordial. Il faut voter pour la loi Avia, supprimer le chiffrement de bout en bout et renforcer la surveillance !
  • Réalité : la meilleure façon de garantir le respect de la vie privée, c’est d’utiliser le chiffrage de bout en bout pour protéger ses contenus. Point. Les politiques qui disent le contraire sont soit des incompétents, soit des menteurs.
  • Raison cachée : les gouvernements aimeraient beaucoup avoir accès à toute votre vie privée de citoyen non privilégié. S’il vous plaît, laissez-nous renforcer la surveillance et ne chiffrez pas vos communications.

Censure :

  • Message politique : aujourd’hui on peut poster n’importe quoi sur internet. Il faut voter pour la loi Avia, supprimer le chiffrement de bout en bout et renforcer la surveillance !
  • Réalité : oui, c’est vrai, il y a beaucoup de contenu illicite ou moralement inacceptable sur internet, et ceux-ci doivent être supprimés. Internet est le reflet de l’humanité, infiniment complexe et imparfait. Mais se servir du pire pour justifier une censure digne d’un état totalitaire, c’est semer les graines qui mènent à la dictature. Le pouvoir accordé aux personnes qui suppriment les contenus est énorme et doit faire l’objet d’un contrôle.
  • Raison cachée : un gouvernement veut, par nature, renforcer le contrôle sur ses citoyens. Mais c’est plus facile à faire passer avec une bonne excuse.

Bref, si je n’ai rien à dire sur l’affaire Griveaux, je trouve honteuse la façon dont l’affaire est détournée pour servir l’agenda politique du gouvernement. Et si vous voulez voir comment réagit un vrai badass, regardez comment Jeff Bezos a fait face à un scandale similaire.

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