Pierre Morsa

ce bon vieux blog

Réflexions de comptoir

Mon point de vue sur macOS Catalina sans jamais l’avoir essayé

Ah, macOS, à chaque version, c’est la même chose : une litanie de critiques comme quoi la version précédente était mieux. Alors, c’est vrai, de version en version, il peut y avoir des régressions. Et oui, c’est vrai, je n’ai pas encore essayé macOS Catalina. Et oui, déjà sur Mojave, les dialogues de sécurité supplémentaires me cassent les pieds. Mais en tant que vieux con Mac User, je me suis demandé comment tout avait évolué depuis le début de macOS et son ancêtre Mac OS.

Les années 80 et les systèmes 6 et 7 : aucune comparaison possible. Ces systèmes étaient de véritables antiquités par rapport au macOS d’aujourd’hui. Il était fréquent de devoir redémarrer le Mac plusieurs fois par jour, voire plusieurs fois par heure ! Le multitâche était coopératif, autrement dit il fallait compter sur le bon vouloir de chaque application pour qu’elles partagent harmonieusement la puissance bien limitée des processeurs de l’époque. Autant dire que comme dans la vraie vie il suffisait d’une seule application non coopérative et c’était fichu. Rien n’était protégé, n’importe quel processus pouvait écrire ce qu’il voulait n’importe où en mémoire. C’était rigolo pour faire des trucs un peu idiots, mais vraiment pas robuste. On l’oublie peut-être, mais ce qui a vraiment mis le Mac en difficulté à l’époque de Windows 95 et Windows XP, c’est que ces deux systèmes étaient bien meilleurs que Mac OS.

La fin des années 90 et les systèmes 8 et 9 : le Mac est resté bloqué pendant une éternité sur l’infâme système 7 et ses pénibles bugs. À son retour, une des priorités de Steve Jobs a été d’au moins stabiliser les choses. Mac OS 8 était une vraie amélioration par rapport au système 7, du point de vue de la robustesse, et un peu du point de vue de l’ergonomie. Le système 9 était plus là pour justifier l’utilisation du 10 pour la nouvelle génération…

Vient ensuite Mac OS X. Changement radical puisque la base technologique est radicalement différente et héritée de NextStep, le système d’exploitation de NeXT basé sur Unix. La première version 10.0 est à peine utilisable, et avec zéro application utile. Suivent alors quelques versions avec de vraies améliorations et un joli melting pot d’Applications Carbon, Cocoa et vieilles applications tournant dans une machine virtuelle. Bonjour la performance, surtout qu’on est encore sur les processeurs PowerPC deux fois plus rapides qu’Intel dans les pubs, mais complètement dépassés dans la réalité. Ce n’est que plusieurs versions plus tard, vers Tiger, alias Mac OS 10.4, que le système 10 devient réellement utilisable et que les applications natives Mac OS X commencent à en rendre l’utilisation vraiment intéressante.

Arrivent ensuite Mac OS X Leopard, puis la version de Mac OS X qui va devenir un peu mythique : Mac OS X Snow Leopard. Aujourd’hui encore vous entendez des personnes dire que Snow Leopard était la version la plus robuste. Bien sûr ce n’est pas tout à fait vrai. Snow Leopard avait des problèmes, mais il avait une différence de taille par rapport à aujourd’hui : it fucking worked. Ce que je veux dire par là, c’est que pratiquement toutes les fonctionnalités du système fonctionnaient correctement, sans bug bloquant, ce qui donnait une impression de fini et de fiabilité indéniables.

Comparez cela par rapport à l’ère Lion — Catalina. Dans l’ensemble, les dernières versions fonctionnent correctement. Le système est fiable. Mais il y a des tas de fonctionnalités qui ne fonctionnent pas aussi bien qu’elles le devraient. Quelques exemples :

  • Lorsque je fais un glisser-déposer d’un fichier dans le fucking Finder, il arrive qu’il reste une image gelée à l’écran du fichier en train d’être déplacé.
  • Il arrive que certains processus se multiplient comme des petits pains sans raison apparente, en particulier ceux liés à Spotlight.
  • De nombreuses fonctionnalités avancées, comme l’implémentation d’AppleScript dans des applications comme Calendar ou Mail, ne fonctionnent que partiellement.

À ce manque de finition vient s’ajouter un autre fait : les fonctionnalités de certaines parties du système et de certaines applications ont non seulement cessé d’évolué, elles ont carrément régressé. Il suffit de prendre Keynote et Pages. Lors du projet d’uniformisation de ces applications avec les versions iOS, ce ne sont pas les versions iOS qui se sont améliorées pour se mettre à niveau avec les applications Mac. C’est l’inverse. Ce sont les versions Mac qui ont été « dégradées » pour se mettre à niveau avec les versions iOS. De plus l’interface des nouvelles versions sur macOS ne respecte même pas les principes d’interface utilisateur d’Apple.

C’est le paradoxe : bien que macOS soit très stable et que les améliorations sous le capot soient réelles (modernisation du système de fichiers, meilleure sécurité, etc.), le niveau de qualité perçu est quant à lui moins bon. Quant à l’interface, elle continue d’évoluer, mais à une lenteur désespérante ; en dehors de quelques retouches, elle n’a subi pratiquement aucune amélioration notable d’ergonomie depuis plusieurs années.

Mon rêve, ce serait qu’Apple reprenne enfin les choses en main et se dote d’une vraie vision pour le futur de macOS. Par exemple je ne suis pas désespérément attaché à AppleScript, c’est un langage assez pourri, mais pour le supprimer, il faut d’abord offrir une meilleure alternative. Swift, Python, JavaScript non pas JavaScript, je m’en fiche, tant que l’alternative est au moins aussi puissante que ce qui existe aujourd’hui. Allez, on y croit.

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Quitter, une application pour quitter les applications automatiquement

Sur iOS, cela ne pose pas de problème de laisser une app ouverte ; de nombreux articles ont été écrits pour expliquer que cela ne servait à rien de « quitter les applications » sur iPhone ou iPad. Mais sur Mac, c’est différent, parce que la gestion de la mémoire est différente, parce que l’allocation des ressources est différente, et parce que le concept même de macOS, orienté multitâches, est différent. C’est donc utile de pouvoir quitter certaines applications automatiquement lorsque celles-ci n’ont pas été utilisées depuis un certain nombre de minutes.

Comme toujours, il y a une app pour cela. Et dans le cas présent, cette app s’appelle Quitter. Vous pouvez choisir les applications à quitter automatiquement, et au bout de combien de minutes de non-utilisation. Vous pouvez la télécharger ici et elle est gratuite.

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Savoir si le verrouillage des majuscules est activé sans regarder le clavier

Comme je l’ai déjà dit, savoir taper à dix doigts sans regarder le clavier, c’est probablement le meilleur investissement à faire pour gagner en productivité pour la personne qui écrit beaucoup sur ordinateur. Pourtant, j’ai toujours eu un problème que je n’ai résolu que récemment : lorsqu’on ne regarde pas le clavier, il est impossible de savoir si la touche de verrouillage des majuscules est activée ou non sans baisser les yeux. Apple a résolu le problème lorsqu’on rentre un mot de passe : un petit symbole « touche majuscule verrouillée » est affiché dans le champ, ce qui évite la frustration de voir son mot de passe rejeté parce qu’on n’a pas vu que cette maudite touche est activée. Pourtant, je trouve que cette solution devrait être disponible partout, car c’est un problème qui existe à chaque fois que l’on entre du texte.

J’ai fini par trouver la solution à ce problème, car évidemment il y a une app pour ça. C’est une application qui s’appelle Captin. Elle affiche un symbole sur l’écran qui indique clairement que la touche majuscule est enfoncée. Du coup, plus besoin de baisser les yeux pour regarder la petite lumière sur le clavier. Je sais automatiquement si la touche verrouillage des majuscules est activée ou non.

L’application peut être personnalisée : taille du symbole, position sur l’écran, couleur, son, etc.

Vous pouvez télécharger Captin gratuitement sur le site de son développeur. Il y a deux ou trois autres applications sympas sur son site.

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Guide de la prise de parole en public

J’ai récemment publié un guide sur la prise de parole en public sur le site de ma société, Ideas on Stage. Si vous êtes intéressés par le sujet, vous pouvez le consulter en cliquant sur ce lien.

J’ai essayé de ne pas être trop long tout en donnant un maximum d’informations utiles. Si vous vous êtes toujours demandé quelles étaient les bases de la prise de parole, la posture, le langage corporel, etc. alors ce guide devrait vous être utile. J’y aborde également la question de la gestion du stress.

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Mort du chiffrage : le compte à rebours est enclenché

Imaginez que quelqu’un invente la meilleure serrure du monde. Puis imaginez qu’elle ajoute un deuxième mécanisme caché qui permet d’ouvrir cette serrure avec une clé standard. Vous vous diriez que c’est complètement idiot. La qualité de la serrure dépend directement de son composant le plus faible, dans ce cas le mécanisme d’ouverture avec une clé standard. C’est exactement ce que veulent faire les gouvernements occidentaux avec le chiffrage. Ils souhaitent se doter d’une clé universelle (souvent appelée « backdoor », porte dérobée, mais le terme de clé universelle me paraît plus juste) pour pouvoir déchiffrer toutes les communications privées. En d’autres termes, nos gouvernements souhaitent mettre fin à la confidentialité des échanges, conformément à ce qui se fait dans les pays qui ne sont pas vraiment des modèles de démocratie.

Tous les gouvernements jurent que la clé universelle sera parfaitement protégée, et que la confidentialité des échanges sera préservée. Évidemment, c’est totalement illusoire. Il suffit d’en faire la preuve par l’absurde. Puisque l’utilisation d’une clé universelle est garantie 100 % sans risque, ils peuvent très facilement le prouver en implémentant une clé universelle dans dans les communications militaires et gouvernementales. Évidemment, ils ne le feront jamais ; ils savent parfaitement que la clé universelle est le moyen rêvé pour tous les hackers de la planète d’accéder librement à toutes les communications. Tôt ou tard, mais plutôt tôt que tard, un chiffrage avec clé universelle = pas de chiffrage du tout.

La fin du chiffrage légal n’est plus qu’une question de temps. Les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Australie, la France, tous les pays souhaitent la fin de la protection des échanges privés, quel qu’en soit le coût pour les citoyens. Les sociétés privées n’auront d’autre choix que de se plier aux exigences des États. Elles devront ajouter la clé universelle dans leurs propres systèmes de chiffrage, et interdire les applications qui auront refusé d’ajouter la clé universelle. L’installation d’applications comme Signal ou Telegram passant par les boutiques officielles comme l’App Store, elles seront de facto rayées de la carte.

Mais au fond, pourquoi garantir la confidentialité des échanges des citoyens ? N’est-ce pas, effectivement, empêcher les services de police et de renseignement de faire leur travail ? Existe-t-il une raison assez importante pour utiliser le chiffrage ? Oui : c’est une question d’équilibre des pouvoirs. Un État démocratique sain ne doit pas avoir trop de pouvoir par rapport à ses citoyens. Imaginez un État totalement opaque, s’arrogeant le droit unilatéral de chiffrer toutes ses communications, et en face ses citoyens devant faire attention à chaque mot prononcé sur les réseaux sociaux, à chacune de ses actions. Cela ne ressemble pas vraiment à une démocratie, car ce n’en est plus une.

Lorsque nos gouvernements démocratiques ont un pouvoir trop grand, ils en abusent, systématiquement. Il est complètement idiot de vouloir se bercer d’illusions selon lesquelles un état qui aurait les moyens de contrôler toutes les « déviations » de ses citoyens serait un état parfait. Ce serait un état totalitaire dans la peau d’un état démocratique. Garantir, par exemple, l’échange d’informations confidentielles avec des journalistes est un des mécanismes protégeant nos démocraties contre ces abus. Le chiffrage est aujourd’hui indissociable de la protection de la vie privée et de la démocratie.

Surtout, une clé universelle n’est pas nécessaire. L’équilibre entre protection de la vie privée et sécurité existe déjà. En effet, les métadonnées, ces données externes non chiffrées, suffisent déjà à identifier les personnes suspectes : avec qui elles sont en contact, les sites qu’elles consultent, etc. Une fois le nombre d’éléments douteux suffisant, les suspects peuvent alors faire l’objet d’une surveillance rapprochée et justifiée, dont le chiffrage numérique ne les protégera pas.

Aujourd’hui la bataille du chiffrage est déjà perdue. Ce n’est plus qu’une question de temps avant que la clé universelle ne soit implémentée. Mieux vaut se préparer dès maintenant à la prochaine bataille : la destruction de la théorie de la clé universelle sécurisée.

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