Pierre Morsa

ce bon vieux blog

Réflexions de comptoir

Se déplacer en vélo à Paris

Cela fait maintenant presque un an que je vais en vélo à Paris chaque fois que je peux. Je pars de chez moi en vélo, je monte dans le TGV, puis je roule de la Gare du Nord jusqu’aux Champs Élysées. Les seules fois où je ne prends pas le vélo, c’est lorsqu’il pleut trop ou lorsque mon agenda pour la journée rend le vélo compliqué à utiliser.

Premier constat, évident, c’est le bordel. De nombreux cyclistes ne respectent ni les feux ni les stops. Je ne les respecte pas tous — si vous êtes cyclistes, vous savez comme moi qu’à certains endroits il est moins dangereux d’adapter les règles de circulation que de les respecter à la lettre — mais j’essaie quand même d’être respectueux des autres usagers. Mais il n’y a pas que les cyclistes qui ne respectent pas les règles, c’est le cas de tout le monde : automobilistes, trottinetteurs, piétons, etc. La culture de Paris est individualiste et non coopérative à l’extrême, chacun essayant de se faufiler avant l’autre. Avec plusieurs millions de personnes s’entrecroisant chaque jour, cela ne peut que mener au chaos. Le contraste est énorme par rapport à une ville comme Copenhague, où tout le monde respecte les règles et où la cohabitation se fait de manière bien plus harmonieuse. Je ne suis pas spécialiste de l’urbanisation, et je n’ai pas de solution à proposer, mais je suis sûr qu’il est possible de partager l’espace public bien plus paisiblement.

Par rapport à il y a quelques années, lorsque j’habitais encore dans le centre de Paris, l’infrastructure dédiée au vélo s’est améliorée. Ce n’est pas encore parfait, mais ça va dans le bon sens. Sur mon trajet Champs Élysées — Gare du Nord, l’endroit le moins agréable est la montée finale rue La Fayette, non pas parce que ça monte, la pente n’est pas bien méchante, mais parce qu’on est souvent bloqués derrière les bus et qu’on se prend une bonne quantité de gaz d’échappement.

En termes de temps de transport, sur le trajet Gare du Nord — Champs Élysées, c’est bien simple, c’est de loin le mode de transport porte-à-porte le plus rapide par rapport à la voiture, au métro ou au bus. C’est d’ailleurs assez évident dans la circulation dense ; on passe son temps à dépasser les bus et les voitures à l’arrêt ou au ralenti.

Un vélo de course est assez inutile, sauf à vouloir jouer à Paris-Roubaix sur les pavés parisiens. Le vélo pliant est, à mon sens, la solution la plus polyvalente. Une fois arrivé à mes bureaux, je plie le mien et je le range dans un coin pour qu’il ne dérange personne. Pas besoin de se ruiner pour acquérir un vélo pliant. Les Brompton sont jolis et petits, mais ils sont chers. Au lieu de cela, je vous recommande de commencer par le bon coin. J’y ai acheté le mien pour presque rien. Il vaut mieux s’y connaître un tout petit peu pour vérifier que le vélo ne présente pas de risques (guidon qui bouge, pièces trop usées). En effet, les vélos pliants ont plus de pièces mécaniques mobiles que les vélos traditionnels sur des éléments structurels importants comme le cadre ou la colonne de direction. Il faut que ceux-ci soient en bon état, et ils ont tendance à se desserrer au fil du temps.

Bref, le vélo dans Paris, c’est possible, même si je peux comprendre que tout le monde ne sente pas en sécurité dans le trafic. Mieux vaut y aller pépère et respecter les règles de sécurité que de gagner le record du tour.

Articles liés

Travailler 7 jours sur 7 : génial ou débile ?

En France, plus d’un jour sur trois est non travaillé. En additionnant les week-ends, les jours fériés, les congés payés et les RTT, on arrive à un total d’environ 220 jours travaillés pour 145 jours de congés.

Depuis la fin de mes dernières grandes vacances (août 2019), j’ai donc décidé de faire une expérience : travailler 7 jours sur 7, du lundi au dimanche, et concentrer mes jours non travaillés, principalement pendant les grandes vacances d’été.

Je travaille une à trois heures le samedi et le dimanche, tôt le matin, pour conserver une journée en famille intacte. Cela n’a pas l’air de beaucoup de temps, pourtant ces quelques heures de travail en plus, sans interruption et sans le rush typique de la semaine, valent de l’or. Pour moi, ce sont ces heures qui font la différence entre me sentir complètement débordé en cas de surcroît de travail et être capable d’absorber la charge. Comme je travaille plus de jours que n’importe quel client, je peux prendre de l’avance. Ces quelques heures me permettent d’alimenter mon blog et celui de mon entreprise chaque semaine. Et elles permettent aussi de libérer suffisamment de temps pendant les autres jours de la semaine pour faire du sport régulièrement.

Je mène cela comme une expérience. Mon objectif est d’arriver à travailler au moins 6 jours sur 7 en moyenne sur une année complète, vacances et week-end compris, soit 312 jours par an au lieu de 220. Cela représente 42 % de jours de travail en plus par an. Forcément, cela a un impact. Bon ou mauvais, je ne sais pas encore.

Articles liés

Quand le « quoi » devient le « pourquoi »

Dans sa présentation de 2009, Simon Sinek explique clairement que les meilleurs leaders commencent toujours par le pourquoi, leur vision. Ils en déclinent le comment (le processus, l’organisation) puis le quoi (ce que les employés font).

Dans les entreprises figées, le quoi est devenu le plus important. Le quoi, ce que font les gens au jour le jour, a remplacé le pourquoi, la vision. Et quand le quoi remplace le pourquoi, on ne veut plus changer. Je m’explique. Imaginez que votre travail soit de remplir des dossiers papier à longueur de journée. Sans vision, cette tâche devient votre finalité. Votre quoi devient votre pourquoi. Et dans ces conditions, toute tentative de changement de votre quoi devient une menace pour votre pourquoi. Sans vision claire, sans distinction claire entre le pourquoi et le quoi, les collaborateurs d’une entreprise se protègent en refusant tout changement du quoi. Ils deviennent complètement réfractaires au changement.

Si Apple avait confondu le quoi avec le pourquoi, elle aurait cru que continuer à fabriquer des Mac, et au mieux les ordinateurs, était son pourquoi, et elle n’aurait jamais investi le marché de la musique avec l’iPod et la vente en ligne d’albums. Si LEGO s’en était tenu à la fabrication de ses modèles traditionnels, elle n’aurait jamais franchi le pas vers les jeux vidéos, la robotique et les franchises connues et l’entreprise aurait probablement fait faillite.

Dans les entreprises ou le quoi est devenu le pourquoi, les processus sont devenus immuables. On continue d’exiger des formulaires papier pour toutes les démarches. On continue de fabriquer des produits avec des méthodes totalement dépassées sous prétexte que la tradition a du bon (révélation incroyable : les processus de fabrication ont fait d’énormes progrès en termes de qualité au fil des décennies). On refuse de laisser de nouveaux produits émerger sous peur qu’ils ne cannibalisent les ventes des anciens.

Les effets se font également sentir au niveau organisationnel. Chaque département se transforme en fief, avec comme « pourquoi » sa propre survie contre les autres. Chaque changement devient un risque qu’il faut combattre et éliminer. Chaque coup politique devient une opportunité d’affaiblir les autres fiefs sans penser au bien global de l’entreprise.

C’est également valable à un niveau personnel. Si la raison pour laquelle vous vous êtes rendu à votre travail aujourd’hui, votre pourquoi, c’est un fichier Excel ou une présentation PowerPoint, sans contribution à une vision plus globale, alors votre quoi est devenu votre pourquoi. Peut-être est-il temps de prendre un peu de recul et de réfléchir à votre véritable pourquoi ?

Articles liés

Mensonge Nation

Licorne : animal très rare aux pouvoirs surnaturels, qui en réalité n’existe que dans l’esprit des personnes assez stupides pour y croire.

Uber est un mensonge économique. Tout le monde pense qu’Uber a révolutionné, non, pardon, en bon startuplangue, a disrupté le marché avec un business model novateur. En réalité, Uber perd 1 milliard de dollars par trimestre, parce que leur seul véritable avantage compétitif, c’est de pratiquer le dumping économique et social. S’ils sont moins chers que les concurrents, ce n’est pas parce qu’ils sont incroyablement efficaces. C’est simplement parce qu’ils vendent chaque course à perte, et qu’ils ont trouvé le moyen de contourner tous les mécanismes de protection sociale de leurs employés. Pareil pour Lyft, leur concurrent dont on parle moins souvent.

Tesla est toujours à la limite du mensonge. Ils ont un bon produit de base, la voiture électrique, une vraie vision, mais Elon Musk s’évertue à faire des promesses impossibles à tenir, comme la conduite 100 % autonome pour l’année prochaine. Chaque année, c’est repoussé à l’année prochaine. Et l’année prochaine, ce sera de nouveau repoussé à l’année d’après.

Theranos était une entreprise entièrement basée sur le mensonge. Elle s’est bâtie autour de l’arnaque d’une machine pouvant réaliser des analyses sanguines complètes à partir d’une seule goutte de sang. En réalité, cette machine n’a jamais fonctionné. Au lieu de cela, Theranos utilisait des machines traditionnelles pour réaliser ses tests. Pire, leurs résultats étaient souvent faux, car les tests n’étaient pas réalisés correctement.

WeWork est une impossibilité mathématique. Toute personne ayant observé les lieux de co-working existants ne pouvait s’empêcher de se poser deux questions : « mais comment font-ils pour pouvoir s’installer dans des endroits aussi chers ? » et « comment font-ils pour être rentables ? » La réponse à la première question est simple : une avalanche de capital injecté par des pigeons qui n’y comprennent rien. La réponse à la deuxième question est tout aussi simple : ils ne sont pas rentables et ne le seront jamais, à moins de faire comme les autres espaces de travail partagés : un contrôle drastique des coûts.

Le plus triste, c’est que le mensonge fonctionne. Ensemble, ces startups ont levé des dizaines milliards de dollars. Adam Neumann, le fondateur de WeWork, a empoché des milliards de dollars, alors que son entreprise n’avait aucune chance de fonctionner un jour. Alors, sommes-nous vraiment certains de vouloir créer des licornes en France ? Il vaudrait mieux y réfléchir, car la création d’une licorne ne nécessite pas des centaines de millions d’euros, mais bien des (dizaines de) milliards d’investissement initial. À cette échelle, un fonds d’innovation d’un milliard d’euros ne représente qu’une goutte d’eau qui risque de s’évaporer bien vite dans la quête d’un animal bâti sur le mensonge.

Articles liés

La liberté c’est la faculté de choisir ses contraintes

« La liberté, c’est la faculté de choisir ses contraintes. »

Je ne suis pas sûr de qui a dit cela ; j’ai trouvé une vague attribution à Jean-Louis Barrault sur internet. Mais je trouve cette vision de la liberté assez juste.

Devenir une star à Hollywood, c’est difficile, très difficile. Cela ouvre des portes et permet de faire des choses que personne d’autre ne pourrait. Pourtant, cela implique aussi d’abandonner la notion de liberté telle que nous la connaissons : impossible de prendre un café tranquillement à une terrasse ou de simplement sortir de chez soi dans la rue. Une star à Hollywood a bien plus de contraintes qu’une personne normale. La différence, c’est qu’elle a choisi ses contraintes.

La reine d’Angleterre, elle, n’a pas vraiment choisi ses contraintes. Elles lui ont été imposées lors de son accession au trône. Malgré tout ce qu’elle peut faire, elle n’a presque aucune liberté. Alors qu’elle se retrouve obligée d’assister à un gala, vous pouvez décider au dernier moment d’aller au cinéma ou de boire un verre. Elle doit vivre une vie recluse, à l’abri des paparazzis et autres débiles. Elle est prisonnière des contraintes dont elle a hérité. Ça a l’air de lui avoir réussi. Mais dans sa famille, les personnes qui ne supportent pas ces contraintes, sans espoir de pouvoir y échapper, vivent une existence misérable.

La liberté, c’est la faculté de choisir ses contraintes. À condition d’en accepter les conséquences.

Articles liés