Pierre Morsa

ce bon vieux blog

Réflexions de comptoir

Pourquoi Facebook s’en fout

Je n’ai pas de compte Facebook. Moins parce que je me soucie de la confidentialité de ce que je pourrais y publier — il suffit de voir les inepties que je poste sur Twitter — que parce que je ne veux pas perdre de temps dessus.

Pourtant, si j’écris sur le scandale Facebook, maintenant que les journaux commencent déjà à l’oublier, c’est parce que je veux montrer que ce scandale n’affectera presque pas Facebook. Parce que Facebook n’est qu’un des trois acteurs qui a rendu ce scandale possible, les deux autres étant (1) les sites web et (2) nous. Parce que nous avons la possibilité d’arrêter Facebook aujourd’hui mais que nous ne ferons rien, ni les sites web, ni nous. Car en réalité, ce n’est pas Facebook qui s’en fout. C’est nous.

Prenons les sites web et leur responsabilité dans le suivi des internautes, et en particulier les médias qui ont couvert le scandale Facebook avec des titres outragés, comme s’ils avaient découvert que l’eau mouille. Ils savent depuis longtemps que Facebook suit tous les internautes sur le web. Tout comme Google, Twitter, Criteo et plein d’autres sociétés dont c’est le cœur de métier. Les journalistes qui « découvrent » le scandale sont soit niais, soit incompétents au point de ne même pas comprendre le fonctionnement de leurs propres sites d’information. Je m’explique. Lorsque vous visitez lemonde.fr, lefigaro.fr, liberation.fr, washingtonpost.com, theguardian.com, bbc.co.uk ou n’importe quel autre site d’information, ces sites ont sur leurs pages un bouton « Facebook ». Ces boutons chargent un script qui permet à ces sociétés de suivre de manière très précise vos visites sur le web1. Les personnes qui ont ajouté ces boutons le savent très bien. Si elles ne font rien, c’est parce qu’enlever les boutons revient à perdre de la visibilité. Perdre de la visibilité revient à perdre des revenus, donc à disparaître petit à petit. La survie des journalistes dépend aujourd’hui de la bonne volonté des géants du web, et c’est pour cela qu’ils ne font rien. Et au fond, ils s’en foutent.

Et nous et le respect de notre vie privée ? Cela fait des années que Facebook explique que les données qui sont postées sur son réseau lui appartiennent, et sont exploitables par Facebook2. C’est son business model depuis le début. Tout le monde le sait. Pourtant tout le monde a choisi de l’ignorer pour bénéficier d’un service gratuit et performant. Nous pourrions stopper Facebook dès aujourd’hui, mais nous ne le faisons pas. Parce que, au fond, on s’en fout.

Facebook n’a pas à s’en faire suite au scandale. Rien ne changera. Nous avons, collectivement, le pouvoir d’arrêter Facebook. Mais nous n’allons rien faire. Parce qu’on s’en fout.


  1. Certains sites ont des boutons Facebook qui sont de simples liens. Dans ce cas ils ne permettent pas à Facebook de vous suivre. Cependant je peux vous garantir que tous les grands sites d’information utilisent les boutons avec script de suivi des internautes. ↩︎

  2. C’est vrai que Mark Zuckerberg a fait un peu marche arrière sur ce point lors de son passage devant le Congrès américain. Pourtant par le passé Mark Zuckerberg a très clairement défendu le point de vue selon lequel le concept de données privées était périmé. ↩︎

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Mise à jour de l’article sur la meilleure télécommande PowerPoint

Il y a quelques mois j’avais écrit un article sur les télécommandes PowerPoint. À l’époque, je recommandais la Logitech Spotlight, mais je n’avais pas vraiment pu la tester et avait dû me baser sur des tests externes. Depuis j’ai utilisé cette télécommande lors de plusieurs grands événements, et j’ai mis à jour mon article. Pour faire court, presque que du bon.

Sachez aussi que Logitech a sorti tout récemment la R500, un modèle de télécommande PowerPoint plus abordable avec la même ergonomie que la Logitech Spotlight, sans les fonctions gadget et avec un pointeur laser en plus pour rendre votre chat fou.

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Visite du nouvel aquarium de Nausicaa

Nausicaa Faille

Nous avons eu la chance de pouvoir visiter le nouvel aquarium de Nausicaä en avant première. Le nouveau bassin fait 60 x 30 m pour 8 mètres de profondeur, en faisant le plus grand bassin d’Europe.

Parmi les autres nouveautés que vous pourrez voir, il y a de nouvelles espèces de méduses, dont certaines bioluminescentes. Vous pourrez également apercevoir des poissons émettant des éclats de lumière créés par bioluminescence.

D’un point de vue purement graphique, ma vue préférée est celle de la faille, qui donne une impression de hauteur impressionnante. Je n’ai pas réussi à la capturer en entier, limité par l’angle de prise de vue de mon iPhone ; j’ai donc fait un collage à la va-vite de deux photos.

Nausicaa Grand Aquarium

Le clou du spectacle est la grande baie. On se sent complètement immergé dans l’immensité de l’aquarium. J’ai particulièrement apprécié l’éclairage qui a fait l’objet d’un soin tout particulier et qui donne une ambiance féérique et légèrement surréaliste au spectacle. Le verre qui la constitue fait la bagatelle de 40 cm d’épaisseur. Ce n’est pas vraiment du verre, mais du méthacrylate (autrement dit une sorte de plexiglas), qui à volume égal est deux fois plus léger et plus résistant. Petit détail qui a son importance : la peau des requins étant abrasive, elle crée des rayures à la surface du verre et du méthacrylate. Mais ce dernier a l’avantage de pouvoir être repoli sous l’eau pour éliminer les rayures. Les requins marteaux n’étaient pas encore dans l’aquarium, ce qui explique leur absence de la photo, mais ils devraient y être pour l’ouverture au public le 28 mai. Si j’avais un petit bémol à émettre, c’est sur les activités multimédia proposées, qui ne sont pas toujours très intéressantes. Mais ce n’est pas très important, car elles sont annexes à la visite de l’aquarium.

Bref, si vous passez dans la région et aimez la faune marine, je vous recommande chaudement la visite de Nausicaä.

Note : comme d’habitude, je rappelle que mon blog n’est sponsorisé par absolument personne, par contre nous avons bénéficié d’entrées gratuites pour Nausicaä.

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La meilleure solution de récupération de disques sur Mac : Disk Warrior

Lorsque le gouvernement intersidéral ne sait plus faire face à ses problèmes de crash de disque dur ou de SSD, il ne fait pas appel au Capitaine Flam qui est un peu naze en informatique. Il fait appel à Disk Warrior. Ce super héros, méconnu du grand public, qui œuvre sur Mac depuis la nuit des temps.

Pourquoi est-ce que je recommande Disk Warrior ? Déjà parce que contrairement aux autres solutions, il est « prudent » ; il ne va pas définitivement flinguer les données du disque problématique en essayant des opérations de récupération hasardeuses. Ensuite, parce qu’il est vraiment efficace pour récupérer des données de disques qui semblent complètement perdus. Bien sûr il n’y a pas de magie, certains disques ou secteurs disques seront abîmés au point d’être irrécupérables, mais bien souvent Disk Warrior va vous sauver la vie.

Ainsi j’avais un SSD externe qui causait un « kernel panic » (un crash complet du système) dans Mac OS X lorsque je le branchais. Je l’ai extrait de son boîtier puis inséré dans un dock d’accueil, car pour une raison que j’ignore cela a résolu le problème de kernel panic à la connexion du disque. J’ai alors pu y accéder avec Disk Warrior et récupérer les fichiers qui n’avaient pas été sauvegardés. Seuls quelques fichiers stockés sur des secteurs trop abîmés n’ont pu être récupérés, mais ceux-ci étaient déjà sauvegardés ailleurs.

Si réparer le catalogue du disque, qui est la grande force de Disk Warrior, est une opération évidente, c’est un peu moins le cas pour la récupération de fichiers ; il faut d’abord lancer une analyse et c’est depuis la fenêtre des résultats de l’analyse que l’on peut récupérer les fichiers. L’autre barrière est que le programme coûte quand même plus de 100 euros, et que l’on n’a aucune garantie qu’il va permettre de récupérer des données avant de l’acheter. Il faut payer pour voir.

Il existe d’autres solutions de récupération de données sur Mac, dont Disk Drill Pro et TechTool Pro. Cependant je ne peux recommander aucun de ces utilitaires, mon expérience personnelle avec ceux-ci n’ayant jamais donné de résultats convaincants.

Reste le dernier bémol. La version actuelle de Disk Warrior n’est pas compatible avec APFS, la nouvelle version du système de fichiers d’Apple. Son éditeur, Alsoft, a annoncé travailler à la compatibilité pour une prochaine version. Il vaut donc probablement mieux un peu attendre pour investir si vous ne possédez pas encore ce logiciel.

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Qu’ai-je appris (à TEDx) ?

« Qu’ai-je appris ? »

C’est la question que je me pose après chaque conférence TEDx à laquelle j’assiste, que ce soit en tant que coach ou en tant que simple spectateur. Évidemment, de par mon métier et de par le nombre d’interventions que j’ai eu l’opportunité de voir, il devient de plus en plus difficile de trouver des sujets qui n’ont jamais été abordés. Pourtant, il est possible de construire une présentation intéressante même pour des sujets qui ont déjà été traités. Mais à une condition : que l’intervenant choisisse de prendre un angle nouveau pour développer son sujet, et qu’il n’hésite pas à ajouter une touche de… complexité !

Prenons par exemple la Blockchain et le Bitcoin. Présenter aujourd’hui ce qu’est la Blockchain et le Bitcoin n’a plus grand-chose de surprenant ou de nouveau, car de nombreux intervenants l’ont déjà fait ces dernières années. Pourtant, on peut toujours parler de la Blockchain et développer des points de vue novateurs et originaux. Ainsi, à TEDx Lille, William O’Rorke a fait un parallèle entre l’évolution d’Internet et celle de la Blockchain. Il explique comment tous deux sont vus au début comme des instruments de liberté et de partage. Puis, au fil du temps, sous la pression réglementaire des États, comment ces technologies deviennent les instruments de surveillance parfaits. Il est ainsi illégal aujourd’hui d’acheter ou de vendre des Bitcoins de manière anonyme en France. À TEDx Tours, Stéphane Voisin a choisi un angle encore différent : et si la Blockchain n’était pas un problème climatique (lié à la consommation énergétique du Bitcoin), mais au contraire une solution pour mieux maîtriser nos émissions de carbone ? Un point de vue de nouveau différent, original, qui ouvre de nouvelles perspectives à partir d’un même sujet, la Blockchain.

Ces interventions ne sont pas compréhensibles par tout le public. Si vous n’avez jamais entendu parler de la Blockchain avant, il vous sera difficile de comprendre les concepts sous-jacents à ces interventions. Certains penseront que cela va à l’encontre de l’esprit TEDx. Que le but de TEDx est de rendre n’importe quel sujet accessible à des enfants de 6 ans. Mon point de vue est différent : je pense qu’un bon TEDx, c’est un mix d’interventions simples, percutantes et accessibles, et d’interventions plus complexes, quitte à ce qu’elles ne soient pas accessibles à 100 % du public. C’est une alternance de moments « aérés » et de moments plus « denses ». Lorsqu’il n’y a que des interventions « émotionnelles » et légères, je m’ennuie et je deviens frustré. Les intervenants ont beau multiplier les effets de scène, les anecdotes personnelles, créer de l’émotion, faute de nourriture intellectuelle mon cerveau s’éteint. À l’inverse, lorsque toutes les interventions sont complexes, mon cerveau sature. Par exemple, lors de TEDx Tours, les interventions plus « complexes » (tout étant très relatif, personne n’a abordé le fonctionnement de fond de la Blockchain ou fait de démonstration de modèles économiques !) étant équilibrées avec des présentations plus « grand public », comme celle de Karim sur les trous noirs, la matière noire et l’énergie noire.

Les coachs en présentation on aussi leurs propres œillères. Ils prennent leurs « bonnes pratiques » de simplification et veulent les appliquer de manière indiscriminée à tout type de présentation. Mais je dois dire que cette vision du monde où tout doit être calibré pour des demi-débiles incapables de faire le moindre effort de réflexion me fatigue.

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