Pierre Morsa

ce bon vieux blog

Réflexions de comptoir

18 minutes, la durée optimale d’une présentation ?

Si vous connaissez les conférences TED et TEDx, vous avez probablement entendu parler de la règle des 18 minutes : les présentations doivent respecter une règle stricte, ne pas dépasser 18 minutes. Tout le monde s’y plie, du présentateur inconnu aux plus grandes célébrités.

Mais pourquoi 18 minutes ? Pourquoi pas 10, 20 ou 30 minutes ? En réalité la règle des 18 minutes maximum pour une présentation ne repose sur aucune étude scientifique. Il s’agit juste de la durée maximum que le fondateur de TED a choisi par préférence personnelle.

Et dans la pratique ? Dans bien des cas 18 minutes c’est déjà long pour une présentation au format TEDx. Les meilleures présentations sont souvent plus courtes, entre 10 et 15 minutes, car les présentateurs ont souvent mieux synthétisé et simplifié leur message.

Le mieux est de prendre le temps de 18 minutes comme un temps maximal à ne pas dépasser, mais si possible de faire plus court. Il vaut bien mieux avoir un contenu excellent de 7 minutes qu’un contenu moyen de 18 minutes.

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7 ans avec la disposition clavier BÉPO

Connaissez-vous le BÉPO ? C’est une disposition de clavier optimisée pour le français proposée comme alternative au bon vieux AZERTY. Voilà à quoi ressemble la disposition des touches sur un clavier BÉPO (image appartenant à https://bepo.fr) :

Disposition clavier BÉPO

J’ai découvert le BÉPO il y a environ 7 ans. À l’époque j’avais des douleurs dans les articulations des mains à force d’utiliser des souris et des claviers d’ordinateurs tous les jours. Aujourd’hui je tape encore du texte tous les jours, mais je n’ai plus de douleurs. Pourtant je n’ai pas changé de clavier (un clavier standard Apple), je tape toujours autant et je n’ai pas rajeuni, donc ces trois paramètres peuvent être éliminés. J’attribue donc la disparition des douleurs en partie à l’utilisation du BÉPO1. Pourquoi ? Parce que la position des touches a été optimisées statistiquement pour limiter le mouvement des doigts lorsqu’on écrit en langue française. Ainsi en BÉPO deux frappes de touches sur trois se font sur les touches de la ligne de repos (celle ou les doigts se reposent par défaut). Sur AZERTY, c’est seulement une frappe sur cinq ! Et qui dit moins de mouvements dit moins de stress pour les articulations et les tendons des mains.

Les avantages du BÉPO

Je suis très heureux d’être passé au BÉPO, et ce pour plusieurs raisons.

  • Moins de douleurs car moins de mouvements de doigts. C’est pour moi l’avantage principal de cette disposition.
  • Une vitesse de frappe en théorie plus rapide. Je dis en théorie, car personnellement je tapais déjà très vite en AZERTY et ma vitesse en BÉPO est similaire mais pas plus rapide.
  • Un accès à la typographie française amélioré : les majuscules accentuées, par exemple, sont accessibles très facilement, contrairement à l’AZERTY. L’accès à certaines subtilités typographiques telles que l’espace insécable, l’espace fine insécable et les guillemets français sont également bien plus simples.
  • Un accès à toutes les langues européennes. Il est parfaitement possible de taper simplement en anglais ou en espagnol en utilisant la disposition BÉPO (même si évidemment l’optimisation de la disposition des caractères disparaît).

Les problèmes du BÉPO

Tout n’est pas rose dans l’utilisation du BÉPO. Je liste ici les inconvénients majeurs.

  • Le problème principal est la courbe d’apprentissage, très raide. Il m’a fallu plusieurs années pour remplacer les réflexes acquis pendant des années sur AZERTY et me sentir totalement à l’aise sur BÉPO. Les premières semaines, je n’arrivais péniblement qu’à taper quelques mots par minute !
  • Aucun appareil n’est vendu avec la possibilité d’avoir le clavier BÉPO au lieu de l’AZERTY. Il existe des claviers externes BÉPO et des autocollants à placer sur les touches, mais la meilleure solution consiste simplement à apprendre la disposition BÉPO par cœur. J’ai tapé cet article sur un clavier Mac AZERTY configuré en BÉPO
  • Le BÉPO marche bien sur les ordinateurs, mais son support sur les smartphones et les tablettes reste très perfectible. La faute en particulier à certains fabricants comme Apple qui limitent fortement les possibilités d’extension.
  • Les raccourcis clavier BÉPO sont difficiles à mémoriser, et moins bien organisés. Par exemple, les touches couper, copier et coller sont côte à côte en AZERTY mais elles sont éparpillées partout sur le clavier en BÉPO.
  • Certains logiciels, en particulier les jeux, ne fonctionnent pas en BÉPO, ce qui peut causer une grosse confusion pour l’utilisateur.

La compatibilité du BÉPO

Le site officiel BÉPO est très bien fait et explique tous les détails. Je me contenterai juste de mentionner que la disposition BÉPO est disponible sur Mac, Windows, Linux et Android. Elle est également supportée sur iPhone et iPad grâce au travail de Gauthier Diependalle, mais sujette aux limites imposées par Apple (en particulier il est impossible d’utiliser un clavier externe avec la disposition BÉPO, ce que je trouve très frustrant).

En conclusion…

Vous avez des douleurs récurrentes dans les mains et les avant-bras liées à l’utilisation du clavier AZERTY et vous avez beaucoup de patience ? Ou vous n’avez pas encore appris a taper à dix doigts et voulez en profiter pour apprendre une disposition optimisée ? Alors je vous recommande d’essayer le BÉPO.

Si par contre vous ne tapez pas beaucoup de texte sur ordinateur, si vous utilisez principalement une tablette ou un smartphone, ou si vous êtes déjà très rapide en AZERTY, il n’est probablement pas très sage d’investir beaucoup de temps dans l’apprentissage du BÉPO.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site officiel BÉPO


  1. Et aussi à l’utilisation simultanée d’une souris et d’une tablette Wacom, mais ça ce sera pour un autre article. ↩︎

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Le petit truc qui me manque dans l’Apple d’aujourd’hui

La cote d’amour d’Apple n’est plus aussi élevée qu’avant. Moi-même, je me surprends à accueillir avec une relative indifférence les annonces de nouvelles machines.

Pourtant à part le départ de Steve Jobs, rien n’a changé. Le marketing Apple est toujours le même : l’utilisation de personnages célèbres, de textes légèrement pompeux ne date pas d’hier. Les prix élitistes, voire délirants, sont une tradition ; quelle gamme Mac démarrait à 5500 Dollars ? Le Mac II en 1987. Les prises de décision comme retirer la sortie casque ou passer au tout USB C sont une vieille habitude. Et les Mac ont toujours eu, à prix égal, des performances brutes moins élevées qu’un PC équivalent. Et qu’on ne vienne pas me dire que la qualité Apple a baissé. Mon Apple //c est tombé deux fois en panne (OK, je suis coupable pour une des pannes), mon Mac SE 2 fois également, et mon G4 Cube avait un disque dur si bruyant que le silence promis par l’absence de ventilateur était inaudible ! Et à l’époque, la machine partait en service après-vente pour 2 mois (!) avant de revenir avec une facture délirante.

Mais alors, si tout est pareil, si Apple n’a pas changé, pourquoi est-ce que la recette ne fonctionne plus aussi bien qu’avant ? Pourquoi tant de grogne partout sur internet ?

Alors, c’est que quelque chose d’autre est cassé. Mais quoi ? C’est la vision. Autrement dit la capacité d’imposer la direction à suivre à l’industrie High Tech. Si on y repense, Apple n’est jamais aussi forte que lorsqu’elle montre la voie : avec l’Apple ][, avec le Mac, avec l’iPod, l’iPhone, même l’iPad et l’Apple Watch. Et jamais aussi faible que lorsqu’elle n’a pas de vision claire. Le seul produit qui fait un peu exception à cette règle, à mon humble avis, est le Newton : excellente vision (si, si !), mais trop peu réaliste par rapport aux possibilités technologiques de l’époque.

Une entreprise comme Tesla a une vision forte de l’avenir, alors que l’Apple de début 2017 ne propose rien de bien concret. Même Microsoft, avec Satya Nadella, a réussi à proposer une vision claire, ce qui manquait sous l’ère Ballmer.

Sans cette vision, difficile de savoir dans quelle direction innover. Sans cette vision, difficile de justifier des marges élevées pour des produits peu différents des concurrents. Sans cette vision, difficile d’attirer les esprits les plus brillants. Et donc difficile de concevoir les meilleurs produits, ce qui reste le cœur de métier d’Apple.

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Comment vaincre sa peur de parler en public, partie 3 - Faire le choix de grandir

Le premier article de cette série explique pourquoi nous avons peur lorsque nous parlons en public. Le deuxième article nous a appris à démasquer et accepter les artifices que notre Ego met en œuvre face à cette peur. Cette partie aura beaucoup plus de sens si vous lisez ces deux articles avant.

C’est donc notre Ego qui est à l’origine de notre peur de parler en public. Et ce sont les artifices qu’il met en œuvre pour se protéger qui nous empêchent d’être à l’aise sur scène et de bien présenter. Maintenant il est temps d’apprendre à changer notre relation avec notre Ego. Pour cela nous allons utiliser des techniques très proches de celles utilisées par les sportifs de haut niveau pour se préparer mentalement à faire face aux grands événements, mais adaptées pour la prise de parole en public.

Faire le choix de grandir

Le plus difficile maintenant, et ce qui va conditionner votre capacité ou non à vaincre votre peur de parler en public, est le choix suivant : voulez-vous continuer à préserver votre Ego, ou voulez-vous grandir ?

Préserver son Ego, c’est accepter de focaliser son énergie et son attention sur ses mécanismes de défense, les artifices. C’est préférer préserver l’image que nous nous faisons de nous-mêmes au détriment du public et de la présentation.

Grandir, c’est arrêter de se faire dicter sa conduite par son Ego. C’est accepter que nous présentons non pas pour paraître intelligent (égoïste, tourné vers soi-même), mais parce que nous avons un message à communiquer (généreux, tourné vers le public).

Pour confirmer que vous acceptez de présenter pour grandir, écrivez sur une feuille de papier ce qui est le plus important pour vous :

Ce qui est important pour moi lors de ma présentation c’est de : ……………………………………………………

Des phrases qui montrent que vous vous focalisez sur le message sont par exemple :

  • clairement expliquer les bénéfices de mon service,
  • montrer le côté unique de mon produit,
  • démontrer la relation entre tabagisme et cancer.

Des phrases qui montrent que vous vous focalisez sur votre Ego sont par exemple :

  • impressionner mon public,
  • être le meilleur présentateur de la soirée,
  • m’exprimer clairement,
  • ne pas avoir l’air ridicule.

Faites également attention de formuler un objectif, concret, qui soit sous votre contrôle, un objectif qui découle directement de vos actions. Par exemple, même si c’est difficile à admettre, vous n’avez pas de contrôle direct sur un objectif tel que « faire la meilleure soutenance orale », puisque par définition vous n’avez pas de contrôle sur les présentations des compétiteurs. De plus « meilleur » est trop vague comme critère. Par contre vous avez un contrôle sur un objectif tel que « présenter à mon client les avantages uniques de ma solution ».

Même dans les situations où vous bénéficiez directement d’une présentation réussie (entretien d’embauche, réunion importante pour votre carrière, présentation de vente, …), ce n’est pas sur vous que vous devez mettre l’accent (ce qui va suractiver les mécanismes de défense de votre Ego), mais sur le message à communiquer. Tout comme on ne gagne pas match de tennis en se voyant sur le podium (nous gaspillons notre énergie en nous focalisant sur une image idéale créée par notre Ego) mais bien en se focalisant sur la balle. Tout comme pour ce match de tennis, c’est en nous focalisant sur le message au lieu de nous focaliser sur nous-mêmes que nous pouvons gagner.

Focaliser son attention sur l’instant présent

Votre capacité à focaliser votre attention sur l’instant présent et à l’utiliser efficacement est la clé pour vaincre votre peur de parler en public.

Naturellement notre attention va avoir tendance à se détourner vers l’objectif que nous poursuivons : nous faire embaucher, gagner la vente, etc. Ce faisant, notre attention se détourne vers quelque chose que nous souhaitons, mais que nous ne contrôlons pas directement. Qui dit pas de contrôle dit danger, qui dit danger dit peur, qui dit peur dit mise en œuvre des artifices de l’Ego pour nous protéger.

Au lieu de cela, focalisez votre attention sur ce que vous pouvez faire à l’instant présent, sur les possibilités d’action. Cela peut être simplement expliquer le point suivant de votre présentation (vous avancez). Cela peut être vous arrêter quelques secondes pour vous assurer que tout le monde a bien compris, et que votre présentation va dans la bonne direction (vous vérifiez). Cela peut être vous rendre compte qu’il manque un message essentiel que vous allez devoir ajouter (vous improvisez). L’important est de vous focaliser sur les actions concrètes que vous pouvez faire maintenant. Qui dit action dit contrôle. Qui dit contrôle dit réduction du stress. Qui dit réduction du stress dit réduction des interférences de notre Ego.

Parfois vous allez sentir votre Ego détourner votre attention pour mettre en œuvre ses artifices. Heureusement, vous savez maintenant les reconnaître (voir partie 2 de cet article). Lorsque cela arrive, faites l’effort de retarder la réaction dictée par votre Ego. Surtout ne vous découragez pas si vous n’y arrivez pas tout de suite. Ne perdez pas d’énergie à vous auto-critiquer (je suis nul je n’y arrive pas). C’est simplement un résultat possible parmi d’autres. Focalisez votre attention sur les moyens de retarder les réactions de votre Ego.. Peut-être allez-vous vous rendre compte que vous aviez la phrase parfaite à ce moment. Ou qu’une métaphore aurait pu rendre votre explication limpide. Ou qu’une personne dans le public souhaitait poser une question à ce moment. Focaliser votre attention sur les possibilités vous donne bien plus de chances de réussir votre présentation. Focaliser votre attention sur vous-même va amplifier les crises de paniques générées par votre Ego.

Développer une posture d’observateur extérieur

Une excellente façon de tester si vous avez réellement accepté d’écouter votre Ego est le test de la caméra : acceptez d’être filmé pendant votre présentation. Ensuite regardez la vidéo en vous mettant dans la posture d’un observateur extérieur (imaginez-vous être votre propre coach bienveillant). Au lieu de simplement vous auto-critiquer (attitude négative, auto-centrée, amenant à un blocage mental), focalisez votre attention sur les possibilités concrètes que vous pouvez mettre en œuvre pour vous améliorer. Par exemple « oh mon dieu quel nul je me balance sans arrêt » est une critique qui ne vous fera pas progresser d’un iota. Dites-vous plutôt « ok, si je me balance, quelle action puis-je essayer pour m’améliorer ? Je vais essayer de fixer mon regard sur un point précis, ou je vais prendre quelques minutes pour simplement me poser sans bouger, ou je vais prendre 1 minute de ma présentation que je maîtrise parfaitement et focaliser mon attention sur ne pas bouger. »

N’hésitez pas à demander à une autre personne bienveillante de vous donner son avis, c’est un excellent moyen pour débusquer les artifices de notre Ego que nous ne voyons pas (ou n’avons pas trop envie de voir) !

Sortir de votre zone de confort… mais pas trop

Si vous restez dans votre zone de confort rien ne se passera, vous n’arriverez pas à changer et à vaincre votre peur. Mais si vous sortez trop hors de votre zone de confort le niveau de difficulté et de stress seront tellement élevés qu’ils bloqueront tout apprentissage efficace. Il faut donc y aller progressivement, en sortant de votre zone de confort à un niveau que vous pouvez supporter. Pour rendre l’apprentissage plus efficace, n’hésitez pas à découper les points à travailler et à en travailler un seul à la fois (par exemple, uniquement travailler le regard ou uniquement la vitesse d’élocution).

Petit à petit, votre zone de confort va s’agrandir (résultat souhaité), mais parfois également diminuer (résultat possible). Cela n’a pas d’importance, le principal est de continuer à travailler pour grandir.

Travailler le fond et la forme

N’oublions pas que simplement perdre sa peur de parler en public ne nous transforme pas en bon présentateur. J’avais un patron qui n’était jamais stressé lorsqu’il parlait en public et racontait à chaque fois n’importe quoi avec un grand sourire. Un bon présentateur travaille sur sa posture (attitude, maîtrise de la peur, etc.), le fond (messages, contenu) et la forme (storytelling, visuels, art oratoire). En retour, cela agrandira d’autant plus votre zone de confiance.

Enclencher le cercle vertueux

Plus votre zone de confort va s’agrandir, plus il vous sera facile de focaliser votre attention sur l’instant présent. Plus vous serez capable de focaliser votre attention là où vous le voulez, moins vous serez esclave de votre Ego. Moins vous serez esclave de votre Ego, plus votre zone de confort va s’agrandir. Vous voyez où je veux en venir ? C’est un cercle vertueux qui va se mettre en place.

Continuez à pratiquer et à vous entraîner pour agrandir le cercle vertueux. Si vous ne le faites pas, votre zone de confort va se rétrécir petit à petit. Mais… votre Ego ne va pas s’en apercevoir ! C’est ce qui se passe lorsque nous faisons une formation, en ressortons très content, et avons tout oublié un mois plus tard ; notre Ego continue de croire qu’il a appris, alors qu’en réalité il a rapidement tout oublié faute de pratique. Comme pour un sport, continuez de pratiquer régulièrement, c’est essentiel pour être au meilleur de votre forme !

Conclusion

Beaucoup de techniques de coaching pour maîtriser sa peur de présenter en public s’attaquent uniquement aux symptômes : bras croisés, position peu stable, … mais ne s’attaquent pas à la racine du problème. C’est ce que j’ai voulu faire ici, pour les personnes qui ne peuvent pas travailler avec un coach professionnel. Si vous pensiez trouver un article où je vous conseille de boire une bière et hop, la peur de présenter disparaît, vous devez être déçu. J’aurais pu faire comme beaucoup d’auteurs à succès, inventer « le truc secret pour perdre sa peur et devenir riche », mais si vous avez lu cet article jusqu’ici c’est que vous savez déjà que ce genre de méthode n’existe pas. Perdre sa peur de présenter en public demande du travail, et encore, je n’ai abordé ici que quelques facettes du travail nécessaire.

Est-ce que tout le monde peut maîtriser sa peur ? Honnêtement non, il y a une petite minorité de cas où cela dépend d’éléments sur lesquels un coach en présentation ne pourra pas, ne voudra pas ou ne devra pas intervenir ; un bon coach saura reconnaître ses limites et ne pas vouloir intervenir sur des éléments qui sortent de son domaine de compétence. Heureusement c’est très rare.

Devenir un bon orateur se résume pas à perdre sa peur de présenter en public. La maîtrise de l’art oratoire, du storytelling et des visuels sont également indispensables, mais c’est un très grand pas dans la bonne direction ! Comment savoir que vous avez réussi ? Vous ressentirez ce qu’on appelle le « flow », cet état où nous sommes au mieux de nos capacités, où tout semble être facile et venir naturellement.

C’est un travail qui peut demander de la patience. Ne vous découragez pas. Vous verrez, si vous appliquez cette méthode, petit à petit vous maîtriserez de plus en plus facilement votre peur de parler en public et vos présentations s’amélioreront grandement !

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Comment vaincre sa peur de parler en public, partie 2 − démasquer les artifices de l’Ego

Dans la partie 1 de l’article nous avons vu pourquoi la peur de parler en public naît de notre Ego, de notre peur de l’échec et notre peur le l’inconnu.

Avant d’apprendre à maîtriser notre peur, nous devons d’abord démasquer notre Ego, apprendre à reconnaître les artifices que notre Ego met en œuvre pour nous dicter nos réactions. C’est ce que nous allons voir aujourd’hui.

Démasquer les artifices de notre Ego

« Évidemment mon audition était pour le rôle de PC, ce qui m’a surpris, parce que j’allais avoir 35 ans — je me considérais toujours comme un jeune homme mince et branché de 24 ans. C’est l’exemple parfait du type d’image trompeuse que nous avons de nous-même. »

— John Hodgman

Cette citation est extraite de l’histoire du making of de la campagne Get a Mac (je suis un Mac, et je suis un PC). Je l’ai reprise ici car elle illustre parfaitement le décalage entre notre Ego et la réalité de qui nous sommes. John Hodgman se voyait encore comme mince, jeune et cool et pensait qu’il allait jouer le rôle de Mac, alors qu’il ressemblait déjà à un père de famille !

L’Ego est indispensable, puisque c’est grâce à lui que nous sommes qui nous sommes, et que nous pouvons bénéficier de l’expérience accumulée au fil de notre vie. Le problème, c’est lorsque l’Ego ne nous fait pas bénéficier de l’expérience accumulée, mais au contraire déploie ses artifices pour se protéger et nous empêche de progresser. Pour nous libérer de notre Ego, nous devons commencer par reconnaître ses artifices.

Artifice : faire du public un ennemi. C’est l’artifice principal utilisé par notre Ego face à un public. Puisqu’il se sent menacé lorsque nous devons parler en public, c’est que le public est forcément un ennemi ! Le public peut être objectivement hostile (vous êtes un patron qui va annoncer des licenciements aux représentants du personnel). Mais la plupart du temps cette sensation d’hostilité n’est en réalité qu’une interprétation erronée que nous nous faisons de notre peur. Le public est rarement notre ennemi. Et même lorsque c’est le cas, le traiter comme tel est la pire des solutions.

Artifice : accélérer pour en finir le plus vite possible. Puisqu’on est en situation de danger, une réaction logique de notre Ego est de nous faire accélérer pour en finir le plus vite possible. Fuir. Résultat, nous allons parler très, très vite, bouger sans arrêt, sans respirer, et nous allons finir épuisés face à un public qui n’aura même pas eu le temps d’écouter la première phrase !

Artifice : se couper du public. Face au stress du regard d’autrui, notre Ego peut prendre une mesure radicale : faire comme si le public n’existait pas, l’ignorer complètement, ne jamais le regarder. En résulte une présentation déconnectée du public, un orateur qui donne l’impression d’être dans sa bulle.

Artifice : dériver son stress en mouvements parasites : notre langage corporel et gestuel va réfléter de manière inconsciente notre peur : en croisant les bras devant nous, en nous faisant nous balancer de droite à gauche, etc.

Artifice : l’auto-critique négative. L’auto-critique négative est cette action qui consiste à nous dire « je ne suis vraiment pas doué ». L’Ego réaffirme son image, l’image que nous sommes mauvais en présentation. Ce faisant, notre attention est détournée par des sentiments négatifs et ne peut être utilisée pour donner le meilleur de nous-mêmes sur scène.

Artifice : se saboter (inconsciemment). Les personnes qui ont intégré dans leur Ego la notion qu’ils sont de mauvais présentateurs vont aller encore plus loin que l’auto-critique négative ; ils vont se saboter eux-mêmes, souvent inconsciemment, pour ne pas devoir changer leur Ego et préserver leur image de mauvais orateur ! Résultat : la présentation va être molle, ennuyeuse, sans énergie et sans conviction.

Artifice : refuser de se préparer. Refuser de se préparer, c’est repousser le moment où l’on doit affronter la douleur, et c’est évidemment une mauvaise solution. C’est également une excellente excuse pour notre Ego au cas où nous échouerions. À noter cependant que certaines personnes peuvent refuser de se préparer pour une autre raison (voir cette article), mais cette raison n’est pas valable non plus.

Artifice : s’entourer de courtisans. Pour protéger leur Ego (souvent démesuré) ces personnes vont s’entourer de courtisans qui vont les flatter et ainsi rassure leur Ego. Dommage, car le public lui ne sera pas dupe.

Cette liste est loin d’être exhaustive, mais elle donne un bon aperçu des techniques les plus fréquemment mises en œuvre par notre Ego pour se protéger.

Renoncer aux artifices de notre Ego

Maintenant vient l’étape la plus difficile : accepter que nous mettons en œuvre ces artifices, et y renoncer. Pour cela, prenez 2 minutes, et imaginez-vous en situation de présentation. Observez et notez les artifices que vous mettez en œuvre pour protéger votre Ego.

C’est fait ? Bravo, vous venez de démasquer les artifices que votre Ego met en œuvre pour se protéger !

Maintenant prenez deux minutes pour imaginer ce que vous ressentiriez si vous parliez du même sujet lors d’une simple conversation avec un groupe d’amis autour d’un verre.

Vous voyez la différence ? Avec des amis, dans une situation sans peur du jugement, beaucoup de ces artifices disparaissent naturellement. Les mots qui semblent venir péniblement face à un public viennent plus naturellement et sans efforts avec des amis. C’est mieux… mais si vous regardez bien votre comportement avec un groupe d’amis vous constaterez que vous continuez de mettre en œuvre des artifices pour protéger votre Ego qui perturbent votre capacité à communiquer efficacement. C’est bien, mais ce n’est pas encore parfait. L’objectif est d’arriver à une situation où l’Ego ne dicte plus votre conduite face au public.

La bonne nouvelle, c’est que maintenant que notre Ego est démasqué, que nous connaissons ses artifices, nous sommes désormais prêts à apprendre à changer notre relation avec le public. et à focaliser notre attention sur notre présentation plutôt que sur notre peur. C’est ce que nous verrons dans la troisième partie de cet article : faire le choix de grandir.

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