Pierre Morsa

ce bon vieux blog

Réflexions de comptoir

Au revoir Twitter

Vous le savez probablement déjà, Elon Musk a acheté le réseau social Twitter pour « y rétablir la liberté d’expression ». Mon problème, c’est qu’Elon Musk ne défend pas la liberté d’expression, il défend la prise de contrôle de fait de Twitter par la kakistocratie. La kakistocratie, c’est le pouvoir donné aux pires personnes, celles qui n’ont aucun scrupule ni aucune morale.

Pour comprendre cela, il faut bien comprendre la distinction entre le concept de « liberté d’expression » et celui de « liberté d’expression absolue » défendu par Musk.

Le concept de liberté d’expression a exactement les mêmes limites que le concept général de liberté : la liberté d’expression des uns s’arrête là où elle commence à nuire aux autres. Cette définition est simple, mais clarifie tout :

  • L’incitation à la haine est en dehors de la liberté d’expression puisqu’elle nuit aux personnes visées par la haine.
  • La désinformation, par exemple sur les résultats électoraux aux États-Unis, est en dehors de la liberté d’expression puisqu’elle nuit aux principes fondateurs du système démocratique.
  • Les attaques personnelles gratuites (par exemple « pedo guy ») ne sont pas de la liberté d’expression puisqu’elles nuisent à la personne visée.

Le concept de liberté d’expression absolue s’affranchit de toute limite : peu importe les torts causés aux autres, tant que l’on peut dire ce qu’on veut. Dans le concept plus général de liberté, cela revient à défendre l’équivalent de l’anarchie. Dans ces conditions, les personnes qui parviennent au pouvoir sont les plus brutales, celles qui n’ont ni scrupules ni morale. C’est l’émergence de la kakistocratie et l’effondrement de la démocratie.

De manière générale, toute zone complètement dérégulée (anarchique) mène à la prise de pouvoir (politique, économique ou autre) par les personnes qui n’ont ni scrupules ni morale. C’est également la base du totalitarisme. Évidemment, une fois en place, la kakistocratie redécouvre subitement le concept de limite de liberté d’expression pour faire taire leurs critiques.

Elon a gagné le round 1 : il pense qu’il va pouvoir faire ce qu’il veut et imposer sa conception de la liberté d’expression absolue. À mon avis, rien ne va se passer comme il l’imagine. De mon côté, je ne serai pas là pour regarder le désastre, car j’aurai quitté Twitter.

Adieu petit oiseau bleu. J’ai compris que tu n’étais pas un outil pour libérer les peuples et faire émerger la vérité, mais juste un stupide volatile irresponsable.

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Que faire si Microsoft Office vous demande d’activer votre abonnement à chaque lancement ?

Récemment j’ai été confronté au problème suivant : Microsoft PowerPoint me demande d’activer mon abonnement Office 365 à chaque lancement de l’application. Outre le côté pénible de devoir entrer mon mot de passe à chaque lancement, l’application reste bloquée en mode « secure input », ce qui empêche l’exécution de macros.

Impossible de corriger le problème en supprimant les caches, l’authentification du trousseau et ce genre de choses rigolotes. Finalement, à force de chercher j’ai trouvé cet outil : Microsoft License Removal Tool

J’ai quitté toutes les applications Office, y compris le célèbre pare-feu. Puis j’ai téléchargé et lancé le Microsoft License Removal Tool. Une fois la procédure terminée, j’ai dit « connard de Microchiotte ». J’ai ensuite relancé Microsoft PowerPoint, qui m’a bien entendu demandé mon nom d’utilisateur et mon mot de passe. Mais maintenant, ça marche. Lorsque je quitte et relance PowerPoint, il se souvient de moi et ne me redemande pas sans cesse mon mot de passe.

Je ne sais pas si c’est l’utilisation du Microsoft License Removal Tool ou le fait d’avoir dit « connard de Microchiotte » qui a résolu mon problème. Mais par sécurité je répète « connard de Microchiotte » toutes les 15 minutes. Pour l’instant ça marche.

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Il n’y a pas de troisième choix.

« Ni Le Pen ni Macron » implique qu’il y aurait un troisième choix. Mais ce troisième choix est purement fantasmé. À l’issue du deuxième tour de l’élection présidentielle, les Français n’auront pas Tartempion comme président. Ils auront Macron ou Le Pen. Ils auront un président qu’ils aiment ou qu’ils n’aiment pas, ou ils auront l’héritière du parti créé par d’anciens collaborateurs et qui prône la haine de l’autre.

Ce n’est pas le choix entre la peste et le choléra. C’est le choix entre un candidat dont on n’aime peut-être pas le programme, et une candidate à l’extrême droite qui est à l’extrême opposé des valeurs humanistes de la gauche.

Voter blanc ? Pourquoi ? Parce qu’on espère que les autres vont faire barrage à l’extrême droite à notre place ? Le résultat mathématique d’un vote blanc est strictement identique à ne pas aller voter, et a exactement la même efficacité contre l’extrême droite : aucune.

Lorsque l’infâme Jean-Marie Le Pen s’est retrouvé au second tour face à Jacques Chirac, aucun électeur de gauche n’a hésité à aller voter pour Chirac, alors qu’aucun d’eux ne l’aimait vraiment. Peut-être que les électeurs qui ont vécu cet épisode se souviennent que les regrets, les scénarios imaginaires et les bons sentiments ne font pas barrage à l’extrême droite. Seul le vote utile permet de stopper le Rassemblement Front National.

Dans la vie, prendre une décision sur base de choix imaginaires, ou pire, abdiquer face à ses responsabilités en ne votant pas ou en votant blanc, cela mène au désastre. Seuls comptent les choix que l’on a réellement.

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La privatisation de la liberté d’expression

La semaine dernière, Elon Musk a acheté un peu moins de 10 % des actions de Twitter et a été nommé à son conseil d’administration.

Musk a déjà déclaré sa volonté de faire respecter la liberté d’expression sur la plateforme. Bien entendu, lorsqu’il parle de liberté d’expression, il ne voit que « sa » version : celle où il laisse Trump raconter les mensonges qu’il veut ou celle où il peut traiter de pédophile toute personne qui le critique.

Bref, pour Musk, la liberté d’expression, c’est acheter le droit de dire ce qu’on veut pour son usage personnel et ses copains et pouvoir censurer ceux qui nous critiquent. Autrement dit, c’est tout l’inverse de la liberté d’expression : c’est la base de la dictature.

Aujourd’hui, le pouvoir de limiter la désinformation est en grande partie dans les mains de plateformes privées, qui obéissent aux règles de leurs actionnaires. Il suffirait d’un accident, d’une mauvaise personne qui prenne le contrôle au mauvais moment, pour que nos démocraties basculent du mauvais côté.

On pourrait penser que le problème se limite aux réseaux sociaux. Pourtant, aujourd’hui, pratiquement tous les grands médias appartiennent à des groupes privés. Certains de ces groupes sont directement responsables de la montée de l’extrémisme dans nos pays. Pourquoi ? Il ne faut pas chercher très loin : une petite dose de xénophobie, la nostalgie d’un occident fantasmé, l’intérêt d’avoir un copain à la tête de l’État pour faire prospérer ses affaires, cela suffit à donner des idées à certains. Mais ces personnes sont aveugles : le totalitarisme n’engendre aucune prospérité. Il engendre la corruption et la violence et finit toujours par tout détruire.

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Pour ou contre le conseil ? Aucun des deux

Avant de créer ma propre entreprise, j’ai été consultant pendant presque 13 ans, pour des cabinets très connus. Je connais donc bien le monde du conseil.

La raison pour laquelle j’ai envie de revenir sur la polémique actuelle autour de l’utilisation du conseil par l’État, ce n’est pas pour dire que le conseil c’est bien ou mal. C’est parce qu’elle illustre parfaitement à quel point les opinions manquent de recul et de nuance. Soit les gens sont outrés, trouvant que 1 milliard d’euros, c’est un pognon de dingue, soit ils défendent becs et ongles les cabinets, vitaux selon eux pour le fonctionnement de l’État.

Pourtant, pour toute personne qui prend le temps d’utiliser un peu sa tête pour réfléchir, ce n’est ni tout noir ni tout blanc. Même en simplifiant les choses, on ne peut pas être simplement pour ou contre : oui l’État a besoin de conseil externe, mais oui il y a des missions qui ne servent à rien ou pire. La réalité est donc, comme souvent, bien plus complexe.

Est-ce vraiment trop demander d’être capable de faire preuve d’un peu de discernement plutôt que de réagir de manière irrationnelle selon ses croyances ? Car seule une réaction nuancée peut améliorer les choses : utiliser le conseil lorsque c’est réellement utile, et éliminer les abus. Les autres réactions ne mèneront qu’à des aberrations qui ne feront qu’empirer les choses.

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