Un concurrent d’Amazon organise une réunion pour comprendre pourquoi Amazon a autant de succès.
Le responsable de la logistique dit que si Amazon réussit, c’est grâce à leur service de livraison en 1 jour ouvré. Le responsable du pricing dit que si Amazon réussit, c’est parce qu’ils ont des prix très bas. Le responsable web dit que si Amazon réussit, c’est parce que leur site est mieux fait. Le responsable produit dit que si Amazon réussit, c’est parce que ils ont la plus large offre de produits. Le responsable communication dit que si Amazon réussit, c’est parce que on parle d’eux partout, tout le temps.
Qui a raison ?
Ils ont tous raison, et ils ont tous tort. Obnubilé par sa propre vision, occupé à tirer la couverture vers lui, chaque responsable ne voit pas que si Amazon réussit mieux qu’eux, c’est parce que Amazon est meilleur en tout.
C’est le niveau d’excellence à atteindre pour qu’une startup ne reste pas une startup. Le concept de « minimum viable product » est souvent défendu par les incubateurs qui poussent les entrepreneurs à concrétiser une version de leur produit le plus vite possible. Mais la barre pour un viable product est souvent beaucoup plus haute que ce qu’ils s’imaginent. J’ai déjà entendu plusieurs fois « si vous n’avez pas honte de la première version de votre produit, c’est que vous avez attendu trop longtemps ». Bullshit. En mettant à disposition du public une première version d’un site au niveau de service ou à l’ergonomie juste « viable », vous vous tirez vous-même une balle dans le pied.
Je comprends que la première version d’un produit ne sera jamais parfaite ; d’ailleurs la perfection est par définition quelque chose d’impossible à atteindre. Mais ne vous laissez pas abuser, pour réellement décoller et non vivoter votre première version publique devra être tellement bonne qu’elle sera immédiatement compétitive.
Pour Apple, un Minimum Viable Phone aurait pu être un téléphone classique avec une partie iPod. Portés par leur marque, ils en auraient vendu des millions. Mais leur téléphone n’aurait jamais redéfini le marché.
Pour Free, un Minimum Viable Forfait aurait été un forfait téléphonique calqué sur les autres, peut-être un Euro ou deux moins cher. Mais ils n’auraient pas mis ce grand coup de pied au cul des autres opérateurs.
Je vous laisse imaginer ce qui ce serait passé si ces sociétés avaient suivi l’adage « si vous n’avez pas honte de la première version de votre produit, c’est que vous avez attendu trop longtemps ». Elles auraient mis sur le marché ce qu’on appelle en termes techniques une grosse merde.
Ces sociétés ne se sont pas contentées d’un « Minimum Viable Product » (produit minimum viable), elles ont créé un « Market Redefining Product ».
Et votre startup, son produit sera-t-il un « Minimum Viable Product » ou un « Market Redefining Product » ?