Un concept que j’ai découvert lors de mes pérégrinations est la notion de « plancher bas, plafond haut ». C’est une façon de concevoir les activités pour qu’elles s’adressent à un maximum de personnes.
Que ce soit une tâche sur un projet, un exercice lors d’une formation, une activité lors d’une présentation, il est important de faire en sorte qu’une tâche ne soit ni trop facile ni trop difficile en fonction du niveau de compétence des participants. Facile à dire, mais que faire lorsqu’on a un groupe de participants avec des niveaux de compétence très différents ? Est-il possible de proposer des activités qui soient dans la zone d’engagement de tous ? Oui, à condition de respecter la règle « plancher bas, plafond haut ».
Plancher bas signifie que l’activité est accessible à tous car elle requiert un niveau de compétence minimum que tous les participants ont. Le défaut de ces activités, c’est que les participants plus expérimentés risquent de s’ennuyer. C’est pourquoi l’activité doit également être avec un plafond haut : l’activité est conçue pour ne pas limiter l’expression des capacités des personnes les plus compétentes.
Par exemple les ateliers pour adultes à base de LEGO proposés par Coding & Bricks respectent tous le principe de plancher bas, plafond haut :
- Plancher bas, car la simplicité d’utilisation de la brique LEGO fait que tout le monde peut construire quelque chose de satisfaisant. Ce n’est pas le cas avec d’autres systèmes de construction qui demandent un niveau de compétence plus élevé et où toute une partie des participants deviennent démotivés avant même d’avoir commencé.
- Plafond haut, car les personnes plus compétentes peuvent créer des constructions avec comme seule limite leur imagination. Ce n’est pas pour rien que les LEGO sont autant aimés par les adultes ; pour eux ce n’est pas un jouet, c’est un outil d’expression de leur créativité à part entière.
À l’inverse un QCM avec des questions de difficulté égale du début à la fin est une activité avec un écart entre le plancher et le plafond très faible. Peu de participants vont se sentir motivés par une telle activité. Les choses peuvent être améliorées en proposant un QCM de difficulté graduelle, mais ce genre d’activité reste très contraignante et peu engageante.
Dans un atelier de storytelling je vais proposer une activité où les participants vont devoir construire une histoire à partir d’éléments prédéfinis (mes briques à moi). Les éléments prédéfinis aident les participants à se focaliser sur la tâche, et évitent l’angoisse de la page blanche. C’est une tâche accessible à tous, mais lors de laquelle tout le monde peut pleinement s’exprimer, quel que soit son niveau de compétence. À l’inverse un exercice lors duquel les participants doivent remettre les éléments d’une histoire dans le bon ordre est un exercice avec une solution prédéterminée. Il y a peu d’espace entre le plancher et le plafond.
Il n’est bien sûr pas toujours possible de proposer des activités plancher bas, plafond haut. Par exemple il est illusoire de croire que des experts en trajectoire orbitale vont pouvoir se satisfaire de calculs simples. L’astuce est alors de découper l’activité en plusieurs étapes : une première étape accessible à tous, puis d’autres étapes dont la difficulté augmente graduellement. Ou mieux encore de segmenter les ateliers en fonction du niveau de base des participants.
Il est recommandé de donner le même temps à tous pour compléter l’activité, experts et non experts. Les non experts utiliseront le temps disponible pour résoudre la première étape, alors que les experts vont réaliser la première étape rapidement et passer aux étapes plus difficiles. De cette manière chacun pourra évoluer dans sa zone d’engagement optimale.
Si certaines personnes acceptent de se poser en « mentor » pour les autres participants, il peut être utile de les mélanger aux groupes. Sinon il vaut mieux faire des groupes homogènes, sous peine de voir certains participants être frustrés de ne pouvoir être dans leur zone d’engagement. Vous pouvez penser que cela empêchera le partage de connaissance de l’expert vers le débutant, mais la réalité est que l’expert sera frustré et que le débutant sera démotivé.
Enfin il est important de donner un feedback constant à tous les groupes. Autrement dit, il ne faut pas féliciter l’expert et réprimander le débutant. Ce qui doit être reconnu c’est l’effort mis dans la progression.