Vous connaissez UBER, la société de taxi à la mode. Tout le monde loue son approche de startup digitale disruptive. Pourtant, ce n’est qu’un miroir aux alouettes. C’est le storytelling qu’UBER veut imposer, pour ne pas qu’on regarde la réalité.
Lorsqu’on enlève le strass des mots comme « disruptif », « startup » et « digital », et que l’on considère UBER comme une grosse boîte venue pour conquérir les marchés à n’importe quel prix, on peut regarder les choses telles qu’elles sont. L’insolente réussite d’UBER est due à :
- Une incroyable machine de relations publiques qui lui a permis d’acquérir une notoriété mondiale gigantesque en très peu de temps. C’est incroyable à quel point nous sous-estimons l’importance de ce point de ce côté de l’Atlantique.
- Le
non-respectcontournement des lois existantes pour conquérir des marchés réglementés, accélérant la précarisation des travailleurs. - Un énorme apport de capital lui permettant de vendre à perte et casser les prix du marché (en combinaison avec un coût du travail beaucoup moins élevé que pour les sociétés traditionnelles devant respecter la loi).
Que du très classique finalement. Sa réussite, UBER la doit avant tout aux bonnes vieilles méthodes de dumping économique et social, savamment cachées par le vernis de la communication high-tech. Avant UBER, d’autres startups avaient eu la même idée. Mais elles n’ont pas bénéficié de la même couverture médiatique. Elles n’ont pas osé flouer les lois existantes. Elles n’ont pas eu le même apport de capital. Et elles ont disparu.
Face à cela, je ne peux que constater l’échec de l’Europe. Chaque pays européen reste obnubilé par l’idée que « ses » startups doivent réussir. cf. Blablacar, qui est systématiquement présenté comme une success-story de la French Tech (à tort ou à raison, là n’est pas le débat). Les incubateurs en France restent incroyablement franco-français. Ils prétendent révolutionner le monde, mais restent prisonniers des frontières tracées il y a des centaines d’années. Chaque pays a tellement tiré la couverture du marché à lui qu’elle a fini par se déchirer en petits morceaux, et maintenant il n’y a plus de couverture, juste des petits lambeaux qui ne tiennent personne au chaud.
Rien n’est perdu, la beauté de l’esprit startup, c’est qu’il est toujours possible de retourner la situation en adoptant une stratégie plus performante. Les pays ont peur de voir partir la croissance dans les autres pays européens ? Faisons des startups européennes, dont les investissements, taxes et impôts bénéficieront à tous les pays. Idem pour le statut des travailleurs. Faisons de ces travailleurs de vrais travailleurs européens. Impossible ? Bien sûr que non. C’est exactement le genre de statut dont bénéficient les personnes travaillant à la commission et au parlement européen ! Créons un écosystème offrant tous les services nécessaires pour rendre l’accès au marché européen aussi simple que de s’abonner à Netflix. Un écosystème disposant d’une machine de guerre de relations publiques qui aurait la capacité de promouvoir les startups européennes dans tous les pays.
De toute façon, il faut se rendre à l’évidence : soit on se partagera un gâteau européen, soit on finira par se partager rien du tout.