Dans sa présentation de 2009, Simon Sinek explique clairement que les meilleurs leaders commencent toujours par le pourquoi, leur vision. Ils en déclinent le comment (le processus, l’organisation) puis le quoi (ce que les employés font).
Dans les entreprises figées, le quoi est devenu le plus important. Le quoi, ce que font les gens au jour le jour, a remplacé le pourquoi, la vision. Et quand le quoi remplace le pourquoi, on ne veut plus changer. Je m’explique. Imaginez que votre travail soit de remplir des dossiers papier à longueur de journée. Sans vision, cette tâche devient votre finalité. Votre quoi devient votre pourquoi. Et dans ces conditions, toute tentative de changement de votre quoi devient une menace pour votre pourquoi. Sans vision claire, sans distinction claire entre le pourquoi et le quoi, les collaborateurs d’une entreprise se protègent en refusant tout changement du quoi. Ils deviennent complètement réfractaires au changement.
Si Apple avait confondu le quoi avec le pourquoi, elle aurait cru que continuer à fabriquer des Mac, et au mieux les ordinateurs, était son pourquoi, et elle n’aurait jamais investi le marché de la musique avec l’iPod et la vente en ligne d’albums. Si LEGO s’en était tenu à la fabrication de ses modèles traditionnels, elle n’aurait jamais franchi le pas vers les jeux vidéos, la robotique et les franchises connues et l’entreprise aurait probablement fait faillite.
Dans les entreprises ou le quoi est devenu le pourquoi, les processus sont devenus immuables. On continue d’exiger des formulaires papier pour toutes les démarches. On continue de fabriquer des produits avec des méthodes totalement dépassées sous prétexte que la tradition a du bon (révélation incroyable : les processus de fabrication ont fait d’énormes progrès en termes de qualité au fil des décennies). On refuse de laisser de nouveaux produits émerger sous peur qu’ils ne cannibalisent les ventes des anciens.
Les effets se font également sentir au niveau organisationnel. Chaque département se transforme en fief, avec comme « pourquoi » sa propre survie contre les autres. Chaque changement devient un risque qu’il faut combattre et éliminer. Chaque coup politique devient une opportunité d’affaiblir les autres fiefs sans penser au bien global de l’entreprise.
C’est également valable à un niveau personnel. Si la raison pour laquelle vous vous êtes rendu à votre travail aujourd’hui, votre pourquoi, c’est un fichier Excel ou une présentation PowerPoint, sans contribution à une vision plus globale, alors votre quoi est devenu votre pourquoi. Peut-être est-il temps de prendre un peu de recul et de réfléchir à votre véritable pourquoi ?