Comme vous l’avez peut-être entendu, le gouvernement développe une App pour lutter contre la propagation du coronavirus. Enfin, pas le gouvernement directement, ils ne vont pas jusqu’à nous faire croire qu’ils savent programmer.
Je suis incapable de dire si l’algorithme de détection fonctionnera ou pas. Ce qui m’intéresse, c’est l’approche pour réaliser cette application. Pour la créer, le gouvernement a missionné pas moins 9 contributeurs directs et un paquet d’autres contributeurs. Alors, de ma faible expérience personnelle, sur tous les projets qui impliquent deux contributeurs, il faut déjà un bout de temps pour se comprendre, pour se synchroniser et pour collaborer. Si ces deux contributeurs sont des grandes entreprises, multipliez ce temps par 3. Si ce sont des grandes entreprises avec un passé lié à l’État, multipliez encore par 2. Maintenant, prenez en compte le fait que la complexité d’un projet sans véritable chef d’orchestre augmente de manière exponentielle avec le nombre de contributeurs différents. Si le premier objectif de certains contributeurs est de tirer la couverture politique vers eux, ils vont même ralentir le projet jusqu’à l’amener à un arrêt presque total.
Je ne participe pas à ce projet, et je n’en ai d’ailleurs pas les compétences. Par contre, le gouvernement devrait regarder les faits :
- Une version aboutie de StopCovid n’a jamais été montrée. Une version beta non plus. Une version alpha non plus.
- Apple et Google proposent dès aujourd’hui une solution qui a été montrée et fonctionne déjà.
- La solution du gouvernement devra de toute façon tourner sur les appareils fonctionnant avec les OS d’Apple et Google. À moins que le gouvernement limite StopCovid aux smartphones fabriqués en France ?
- L’application StopCovid est une réponse franco-française à un défi mondial. Au minimum, c’est à l’Europe de proposer une solution.
- Le virus se contrefiche de la souveraineté numérique, de l’OS du téléphone et des frontières. Il s’attrape dans le monde réel, pas dans le monde numérique.
En regardant ces faits, il apparaît que le gouvernement privilégie une solution égocentrique, politique, et nationale face à un problème international. Une solution bornée par les frontières imaginaires tracées sur les cartes et dans les esprits du gouvernement. StopCovid devra tourner sur les smartphones d’Apple et de Google (via Android), ce n’est pas cette application qui rendra sa souveraineté numérique à la France. Pour cela, il faudrait construire une vision bien plus complète à long terme au lieu de promouvoir l’idée numérique du mois comme le plat du jour avant qu’il ne soit périmé.
Et si à la place on produisait plus de masques ?