Suite aux batailles avec Deezer, Epic et quelques autres boîtes, l’App Store d’iOS se retrouve accusé de comportement monopolistique. Mon point de vue est qu’aujourd’hui Apple a trop de pouvoir sur les développeurs et qu’il faut revenir à un équilibre plus sain pour protéger l’innovation.
Tout d’abord, Apple a bien changé depuis les années 2000. En 2008, l’App Store se lançait. Ses coûts fixes et variables devaient être amortis sur un chiffre d’affaires bien moins important. Et puis on l’oublie facilement, mais il y avait un risque que cela ne marche tout simplement pas. Apple ne réussit pas tout, et parfois se plante en beauté, comme avec MobileMe ou Ping. À l’époque, une commission de 30 % sur le prix de vente ne me semblait pas délirante. Mais aujourd’hui, l’App Store est une affaire qui roule. C’est une vraie machine à cash, avec un besoin de fonds de roulement négatif (les développeurs sont payés après l’achat par le client), et une marge qui doit sûrement être très supérieure à 50 %. Une commission divisée par deux, autour de 15 %, me semble bien plus en ligne avec le service et les coûts de fonctionnement de l’App Store.
Aujourd’hui, force est de constater qu’Apple est effectivement dans une situation de monopole sur différents sujets, dont la distribution des Apps sur les plateformes iOS. Ce monopole une bonne chose d’un point de vue sécurité : iOS est une des plateformes les plus sûres, même si Apple se loupe de manière spectaculaire de temps en temps. Il est cependant possible d’offrir un bon niveau de sécurité sans passer par un App Store fermé, le Mac, Linux ou Windows 10 en étant de bons exemples. Sont-ils aussi sûrs qu’iOS ? Non. Sont-ils suffisamment sûrs ? Si on est pas trop con, oui. D’Ailleurs, avec XProtect Apple protège le Mac, pas toujours très bien il est vrai, sans tout faire passer par son App Store.
D’un point de vue respect de la vie privée, le monopole de l’App Store iOS est également une bonne chose. Difficile de trouver une autre plateforme mobile qui protège aussi bien les données personnelles de ses utilisateurs.
Mais le monopole de l’App Store est une mauvaise chose d’un point de vue innovation. Pour preuve, voici quelques exemples d’applications que j’utilise quotidiennement sur macOS qui sont impossibles à développer sur iOS en raison de ses restrictions : Keyboard Maestro, Script Debugger, SoundSource, Audio Hijack, Timing, Parallels, Chronosync. Personnellement, si empêcher un monopole d’Apple sur les apps iOS empêche Apple d’emprunter la même voie pour macOS, je trouve que ça en vaut la chandelle. Et je vois bien Apple profiter du passage d’Intel à Apple Silicon pour forcer les binaires compilés pour ses processeurs à être distribués par son App Store.
Si je pense qu’il ne faut pas laisser Apple s’installer dans le confort d’un monopole, c’est bien pour cela : pour que macOS reste une plateforme ouverte, sur laquelle reste possible ce qui est aujourd’hui impossible sur iOS.