Tout le monde critique le Monopoly comme étant un symbole du capitalisme. En réalité, tout le fonctionnement du Monopoly repose sur le concept d’« état providence ».
La preuve :
- Vous démarrez la partie avec de l’argent, comme ça, pouf.
- Chaque fois que vous passez par la case départ, vous recevez de l’argent, comme ça, pouf.
Vous pouvez essayer de retourner ou distordre ce fait comme vous le voulez, la réalité est là : la situation initiale du Monopoly est celle d’un état providence distribuant un revenu universel sans aucune contrepartie à ses citoyens.
Si aucun joueur ne dépensait d’argent, la partie se poursuivrait à l’infini. Personne ne serait ruiné. De fait, l’argent ne servant à rien, le jeu perdrait tout intérêt. Mais mus par l’instinct de croissance, les joueurs achètent forcément des trucs. Au début, ça se passe bien, les immeubles se construisent, il y a création de valeur, le PIB du jeu augmente.
Mais petit à petit, ça se dégrade. Lentement mais sûrement, les règles font qu’un joueur se retrouve en situation privilégiée ou de Monopole. Souvent, on atteint un point irréversible bien avant la fin où l’on sait qui va gagner la partie. La partie devient un long chemin vers la ruine pour les autres joueurs. C’est une des raisons pour lesquelles je trouve ce jeu pénible : une fois passé le point de non-retour, l’issue de la partie est connue, mais il faut continuer à jouer pendant des tours et des tours.
Au final, l’état providence s’écroule face au monopole d’un seul joueur. Que l’on joue au Monopoly à 4 ou à 60 millions de joueurs ne change rien : il suffit du monopole d’un seul joueur pour entraîner la ruine de tous les autres.